samedi 5 décembre 2015

Deux colombes pour deux soeurs


Les obsèques d’Anna et Marion Pétard-Lieffrig, deux sœurs de 27 et 24 ans originaires de Monthou-sur-Bièvre, touchées par les balles des terroristes à la terrasse du Carillon à Paris vendredi 13 novembre, ont eu lieu lundi 23 novembre à la cathédrale Saint-Louis de Blois.

 
Bougies et fleurs en bas des marches Denis-Papin à Blois.©Émilie RENCIEN


 

Pas toujours facile de vraiment réaliser ce qui est arrivé mais à la vue des deux cercueils blancs le 23 novembre, la réalité, effroyable, indicible, est devenue tangible. Je ne les connaissais pas mais Anna et Marion étaient des jeunes femmes quasiment de mon âge, tuées par des jeunes de notre âge. À leur place, ça aurait pu être moi, toi, n’importe qui. Sur les photos installées dans la cathédrale lors des funérailles ou encore celles apposées en bas des marches Denis-Papin, une chose saute aux yeux : souvent ensemble devant l’objectif, ces deux sœurs étaient toujours souriantes, peu importe la pose. Elles croquaient la vie à pleines dents. "Jésus lui-même nous dit : « ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent rien faire de plus. »  Ne craignez pas… Pourtant, ceux qui tuent le corps nous font peur : dans notre pays, inutile de nous le cacher, nous avons peur, » a exprimé Monseigneur Batut, l’évêque de Blois, dans une touchante homélie. « Quelqu’un m’a dit : « je suis venu parce que je voudrais qu’Anna et Marion ne soient pas mortes pour rien. » Si nous repartons d’ici tout à l’heure bien décidés à ne pas laisser se perdre notre âme, je pense qu’Anna et Marion ne seront pas mortes pour rien. Si nous en repartons en souhaitant aux bourreaux de retrouver leur âme, elles ne seront pas mortes pour rien. » Anna et Marion Pétard-Lieffrig, ainsi que les 128 autres victimes des odieux crimes perpétrés le 13 novembre 2015. Dix jours après cet horrible épisode français sanglant, deux colombes blanches ont été lâchées dans le ciel à Blois sur le parvis de la cathédrale, au-dessus des corps sans vie des deux soeurs. L’un des volatiles blancs s’est longuement attardé au sol puis sur un panneau de chantier le long de l’édifice religieux, tandis qu’un rayon de soleil est subitement apparu en fin de cérémonie. Un signe peut-être et un message sans aucun doute : plutôt que de céder à l’effroi et se replier sur soi, vivez à 200% pour celles et ceux auxquels on a soudainement et injustement ôté cette chance.


Émilie RENCIEN

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