vendredi 29 janvier 2016

Des problèmes d'argent vieux comme le monde


Il était une fois, il y a trois-cent ans, dans un pays hexagonal ... C'était déjà la crise ! C'est ce que narre la pièce de théâtre "le système" signée Antoine Rault. Avec sur les planches, Lorànt Deutsch, Éric Métayer, Urbain Cancelier, Julie Marboeuf, Sophie Barjac ...


Le roi Louis XIV est mort, la France est ruinée et le Régent Philippe d'Orléans, neveu du défunt monarque, s'arrache les cheveux pour redresser la situation, entre deux soirées bien arrosées en compagnie de la gent féminine, (mal) conseillé par un abbé opportuniste et un collecteur d'impôts pas forcément bien intentionné. À l'instar des contes de fées, un sauveur fait son apparition dans ce sombre tableau. Un aventurier écossais qui a vraiment existé : John Law de Lauriston pour celles et ceux qui aiment feuilleter les livres d'histoire, l'inventeur visionnaire du papier-monnaie au XVIIIe siècle. Sur scène, Lorànt Deutsch incarne ce génie honnête qui détient donc dans ses valises, l'espoir et surtout LA solution pour éviter la faillite, contrer la dette et la guerre. Il s'agit d'un "système" qui remplace les lourdes pièces d'or et d'argent par une monnaie à la fois encrée (des billets de banque) et dématérialisée (des actions). Soit un plan selon l'intéressé basé sur la confiance ! Oui, dès ce moment, le spectateur sait bien qu'un grain de sable s'est malencontreusement glissé dans les rouages. D'ailleurs, toute ressemblance avec des faits réels...


"Le système" avec Lorànt Deutsch, Dominique Pinon, Urbain Cancelier et Éric Métayer © Émilie RENCIEN


Une fin heureuse mais pas pour tout le monde

Le "système" est finalement adopté; l'alcool et l'argent coulent à flots, le tout saupoudré de moeurs légères. Rien n'est toutefois jamais si limpide que de l'eau de roche. Les comploteurs agissant sournoisement en coulisses, le temps de l'exil forcé des âmes pures survient et le cheval bascule. L'abbé devient évêque et le percepteur refait surface. Les méchants se frottent les mains tandis que le piège se referme sur l'étranger trop gentil remercié sous le prétexte que "le temps de la politique n'est pas le temps de l'économie". Finalement, comme en amour, les histoires d'argent finissent mal en général...

É.R.

mercredi 6 janvier 2016

2016 : sur les chapeaux de roues


La nouvelle année à peine engagée, il souffle un vent de fièvre acheteuse aujourd'hui sur tout l'Hexagone. Mais pas seulement.

Quatrième jour de 2016 : un nom sur une couverture à Blois ... © Émilie RENCIEN


"Aujourd'hui, j'peux pas, j'ai soldes" !  Eh oui, la valse des étiquettes a débuté ce 6 janvier et ça durera jusqu'au 16 février. Ce premier mercredi de l'année nouvelle marque aussi la sortie d'un Charlie-Heddo, spécial "un an après" (les attentats de Paris), sur fond noir, évoquant une presse en deuil et un avenir assombri, contrastant avec le fond vert, porteur d'espoir, du journal numéro 1178 daté du 14 janvier 2015 (seconde différence : pas de queues interminables cette fois et moins de prises d'assaut des kiosques semble-t-il, il en restait encore à 13 heures ici et là). Et puis, il y a cette autre actualité : le monde a plongé dans 2016 et la France est devenue orpheline de deux célèbres "Michel", juste après les immuables échanges de bons vœux et les innombrables résolutions toujours compliquées à tenir que chacun s'entête malgré tout à formuler. Le chanteur Michel Delpech, 69 ans, s'est éteint samedi 2 janvier, succombant au cancer contre lequel il luttait depuis 2013, suivi par la disparition d’un monstre sacré du cinéma français, Michel Galabru, 93 ans, qui ne s'est pas réveillé lundi 4 janvier. Impossible alors de ne pas penser à ce qu'avait écrit ce dernier au début des années 2000 dans son livre souvenirs "vous m'avez compris : pensées, répliques et anecdotes" (éditions Le Cherche-Midi) : "tout le monde a peur de la mort, et pourtant tout le monde meurt. Ça ne doit pas être si difficile que ça de mourir parce que finalement tout le monde y arrive, et avec beaucoup plus de simplicité qu'on ne se l'imaginait."

Monnaie sonnante et trébuchante des soldes d'un côté, sonnerie du glas de l'autre
 
Quant à Michel Delpech... Hasard du calendrier, sa mythique chanson "le Loir-et-Cher" a résonné dans les Jardins de l'Évêché de Blois à l'occasion de l'enregistrement du 4 au 7 janvier de dix numéros de "Midi en France", une émission de France 3 (si vous ne connaissez pas, c'est diffusé à 10h50 en semaine...) pilotée par le journaliste culinaire Vincent Ferniot, après le départ cet été de Laurent Boyer. "C’est une actualité triste ; je préfèrerai qu’il soit encore en vie. Pour moi, Michel Delpech chantait la poésie du quotidien. À Blois, nous tournons sous le soleil, je vois ça comme son clin d'œil à lui," a confié Vincent Ferniot lundi 4 janvier, ajoutant. "Depuis un mois, c'était calé, nous savions que nous allions utiliser ce morceau pour notre venue à Blois. Car c'est symbolique du département." Et pour cause. La journaliste qui écrit ces lignes se souvient de ses années d'étudiante dans la capitale où les mélodies de l’artiste aux attaches familiales solognotes l'ont accompagné. Combien de fois des amis et des professeurs ont posé cette sempiternelle question : "tu viens d'où au fait? La région Centre (pas encore estampillée Val-de-Loire à l'époque) ? Clermont-Ferrand, c'est ça ? Non ?" La précision géographique pointait inévitablement le bout de son nez et c’est à cet instant précis que de larges sourires s’affichaient sur les visages et que les bouches entonnaient en chœur : "Le Loir-et-Cher ? Ah ! Michel Delpech ! On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue… !"  Vous connaissez la suite.

Émilie RENCIEN

 
 

 

"Midi en France" à Blois lundi 4 janvier 2016. Le jardinier Alain Baraton, Igor Bogdanov (sans Grichka), Vincent Ferniot, Frédéric Jaunault (sculpture sur fruits et légumes). Et, au centre, la "Laurette" de Michel Delpech, Christiane Vauquelin dont les parents tenaient LE bistrot de la fameuse chanson à la Ferté Saint-Cyr.
© Émilie RENCIEN