samedi 28 février 2015

Ma Saint-Valentin avec Mathieu Madénian !


Samedi 14 février, alors que des couples se confiaient leur amour, les yeux dans les yeux, devant un bon repas au restaurant, d’autres avaient préféré un menu différent. Pas de déclaration enflammée à la lumière des chandelles mais de l'humour décapant à la Pyramide.

« Je passe la Saint Valentin avec Thomas VDB (1)  à ... Romorantin... » À 18 heures et deux minutes, le 14 février, Mathieu Madénian postait un message sur son compte Facebook, accompagné d’une photo dans le train où il affichait un air endormi. Trois heures plus tard, les pieds sur le sol de Sologne, l’humoriste avec son accent de Perpignan était bien réveillé. «Pour venir ici, on a dû prendre deux trains, une calèche… » Pas de B.-A. pour l’artiste (2). « Vous avez un métro dans votre ville ? Un quoi ? Un B.-A. ? C’est normal pour vous de dire cela mais moi, je viens de France. C’est quoi ? Ah, un petit train. Sinon, y a des trucs à visiter ?» Une fois passée la parenthèse locale, Mathieu Madénian n’a pas manqué, Saint-Valentin oblige, d’interpeller le public. « Combien d’années de mariage ? Pour le record, un voyage en Irak à gagner ! Et toi, tu as quel âge ? Onze ans. Tu as une copine ? Vous vous embrassez et tout ? Elle s’appelle Carla ? Tu n’es pas le seul…» Il s’est ensuite confié. «La famille, les amis, ça se contrôle. Pas l’amour. Je m’étais juré de ne plus tomber amoureux. Car quand vient la séparation, je souffre et vu mon métier, je n’écris plus, ne monte plus sur scène, je ne travaille plus, je ne mange plus et je meurs. Puis j’ai rencontré Alice ! »
 
 


Le rire pour seule arme

Pendant deux heures, les boutades s’enchaînent à un rythme effréné. Mathieu Madénian tacle, dégomme sans vergogne. « C’est vrai, vous avez raison. On ne peut pas se moquer des gens paraplégiques car on peut tous le devenir un jour avec un accident de voiture. Mais d’un nain ? » Il tire, sans armes mais avec verve, sur tout ce qui bouge. Le métro parisien, la politique, la religion, le football, les hommes et les femmes, le sexe, la télévision (et les stars comme Frédéric François qu’il ne connaissait pas quand il est arrivé chez Michel Drucker), etc. Peut-être à une exception près (enfin, quoique). «Je n’arrive pas à faire des vannes sur François Hollande. On dirait un prof d’aquagym à la retraite, il me fait de la peine.»

 
 
L’ombre de Charlie
Si Mathieu Madénian est aujourd’hui « payé pour raconter des conneries », comme il l’affirme (N.D.R.L. Il a suivi des études de droit pour être avocat), le clown s’est révélé triste lors de brèves parenthèses ouvertes à Romorantin. «Ce soir, je suis obligé de parler de terrorisme. Avec le plan Vigirate, il est entré dans nos vies, notre quotidien. » Avant le début du spectacle à la Pyramide, la police municipale a d’ailleurs inspecté les sacs des spectateurs. Deux hommes de sécurité étaient placés de chaque côté de la scène et deux véhicules de gendarmerie attendaient sur le parking à la sortie. « Je collabore à Charlie Hebdo depuis le mois d’août, » a-t-il continué. « Je devais être à la conférence de rédaction du 7 janvier mais ma TV a explosé à 9 h et Charb m’a dit de venir à la prochaine.  Pour tout vous dire, on allait sortir un numéro anti-FN quand mes potes ont été tués par deux gros connards… Faire un bide, oui, mais on n’a pas le droit de mourir pour ne pas avoir été drôle.» Avant de conclure. « J’y pense tous les jours sauf quand je suis sur scène. Merci à vous. Ce soir, je n’ai pensé à rien.»
ÉR
(1) Celui-ci assure les premières parties de Mathieu Madénian. Il réalise aussi actuellement des chroniques sur France Inter.
(2) Avant Noël 2014, Marianne James était venue à Romorantin en train elle aussi pour son spectacle « Miss Carpenter ». Une fois arrivée en gare de Salbris, elle avait emprunté la ligne du Blanc-Argent.
Article paru dans l'hebdo la Renaissance du 41 le 20.02.15