mardi 1 novembre 2016

Rama Yade ose la présidentielle

L’ancienne secrétaire d’État du gouvernement Sarkozy-Fillon est officiellement candidate pour 2017. Elle part à la chasse aux promesses de parrainages, comme dans le Loir-et-Cher fin octobre.


Rama Yade, une candidate sans langue de bois. Ici, avec la blésoise Christelle Ferré
et sa directrice de cabinet, Annie Hugon, à Blois (41). Photo  © Émilie RENCIEN
 
                               

Différente et indépendante, originale et ovni-esque. Il est évident que Rama Yade détonne dans un paysage politique français qui semble faire du sur-place. «Mon but n’est pas de rajouter du bruit au bruit ambiant. Je suis une alternative au système classique disqualifié et à l’extrême-droite qui isolera la France, » a affirmé de façon assurée et déterminée la jeune femme de 39 ans qui a pour le moment réuni 250 parrainages et créé une coopérative politique baptisée « la France qui ose ». Son credo affiché n’est pas la reproduction. « La candidate du renouveau ? Ce mot a tellement été employé. Oui, l’innovation, cela me va mieux. Le choix proposé aux Français, c’est-à-dire d’anciens présidents, d’anciens ministres et l’extrême droite, est un non choix, une prise d’otage de la démocratie alors que le monde entier renouvelle ses dirigeants. Regardez Obama aux États-Unis, le Premier ministre Justin Trudeau au Canada, Tsipras en Grèce.» Rama Yade, qui se présente encore selon ses propres termes comme « une candidate transpartisane et utile» déroule sa vision pour le pays : reconnaissance du vote blanc, fin du cumul des mandats, abolition des privilèges des parlementaires dont le nombre doit diminuer, inéligibilité des élus condamnés pour des faits de corruption, création de nouveaux emplois dans de nouveaux secteurs (énergies renouvelables, installations paysannes, économie collaborative, etc.) au lieu de « sauver les vieilles usines qui ne peuvent plus l’être », basculement de l’État-Providence  vers une démocratie citoyenne, arrêter d’être le ventre mou de l’Europe… Alors que certains luttent contre le décrochage scolaire grâce à l’informatique et la technologie, elle veut éviter les décrocheurs numériques qui loupent le train en marche. Elle souhaite également se battre pour les jeunes, les femmes, les entrepreneurs, sans oublier « les campagnes méprisées et les quartiers abandonnés aux proies de l’imaginaire Daesh. »  Elle suspecte enfin la volonté cachée des pouvoirs publics, celle de faire disparaître l’échelon communal, à l’abri des regards et dans le secret. 

Des élus locaux menacés

À Vendôme en septembre, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir être « le porte-parole de la majorité silencieuse qui n’en peut plus. » À Blois en octobre, Rama Yade a indiqué souhaiter représenter «la France périphérique », celles et ceux qui ne le sont pas », et ne mâche pas ses mots. Tout comme la Christelle Ferré, conseillère municipale d'opposition à Blois, elle est devenue non encartée après avoir signé la charte de naissance d’un mouvement nouveau insufflé par Jean-Louis Borloo, aujourd’hui retombé tel un soufflé. «L’Udi ? Lequel ? Où ? Les promesses ont été trahies. Pour moi, on assiste à la primaire de la droite et… de la droite ! Juppé ? C’est un Républicain, pas un centriste. Je m’en sens éloignée. Sarkozy ? Nos désaccords sont de notoriété publique. Il est beaucoup attaqué car il a beaucoup promis.» Alors, pourrait-elle être le troisième homme des élections présidentielles à venir ? Elle semble en tout cas déranger certains dinosaures politiques qui, à l’instar de ce qui s’est passé avec Nathalie Kosciuko–Morizet pour la primaire de la droite et du centre, tentent de lui mettre des bâtons dans les roues sur son chemin vers la présidentielle pour éliminer cet (autre) caillou remarqué dans la chaussure. «Je ne suis pas un ovni, ce sont eux ! Vaucluse, Saône-et-Loire, Somme, Vosges… Depuis six mois, je sillonne les territoires et je rencontre des maires ruraux. La ruralité, c’est là où se trouvent souvent les maires indépendants, les rebelles, les combattants. J’ai une dizaine de rendez-vous dans le Loir-et-Cher, dans les communes, communautés de communes et communes nouvelles. Un élu de votre département m’a d’ailleurs récemment écrit pour m’informer du fait qu’il avait reçu des menaces, des chantages à la subvention. C’est abominable, où sommes-nous ? Ce sont soi-disant des hommes forts…» Impossible de convaincre l’intéressée d’en révéler davantage, hormis le fait que cela vient « de tout le département ». Peu importe, on devine. Et Rama Yade, elle, poursuit sa quête pour obtenir les 250 signatures manquantes et avant de partir de Blois, elle insiste. « Dans le paysage politique actuel, le risque est d’avoir Nathalie Arthaud pour l’extrême gauche, Marine le Pen pour l’extrême droite. Moi, je ne suis pas une femme classique. » Elle sourit. « Enfin, un tout petit peu plus classique.»

Émilie RENCIEN

 http://www.le-petit-blaisois.fr/

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