mercredi 13 avril 2016

Manuel Valls au jardin, et ce n'était pas un poisson d'avril...


Projet de loi du travail El-Khomri, abandon de la réforme constitutionnelle et de la déchéance de nationalité… Ces derniers temps, le Premier ministre aurait bien besoin de se mettre au vert. Justement, il a réalisé cette pause, au sens propre, en visitant le Domaine de Chaumont-sur-Loire et ses espaces naturels vendredi 1er avril, à l’occasion de l’ouverture sur place de la huitième saison d’expositions d’art contemporain.


Dans les murs, sans stress... Puis au jardin. Et ça donne ça... De loin car une partie de la presse n'a pas été conviée à cette partie de la balade au grand air.. PHOTOS © Émilie RENCIEN


Il était espéré dans la Vallée du Cher, au zoo-parc de Beauval. Finalement, Manuel Valls aura choisi la quiétude du jardin plutôt que la savane africaine. « C’est une divine surprise !» a exprimé de façon enjouée Chantal Colleu-Dumond, la directrice du Domaine et du Festival de Chaumont-sur-Loire, pendant que les hippopotames de Saint-Aignan-sur-Cher nageaient sans d’innombrables flashs et des « gorilles » devant les vitres de leur bassin éléphantesque. Durant à peine deux heures, le Premier ministre, les traits tirés et l’air soucieux, laissant tout de même parfois échapper un petit sourire, a donc effectué une promenade de santé au soleil dans le Blaisois et a pris un vrai bol d’air le jour de l’anniversaire de ses deux ans à Matignon, circulant entre des fleurs, des pelouses bien vertes, des arbres majestueux, des vitraux exceptionnels, un œuf de Pâques géant en ardoise, des sculptures en bois noircies au feu et des matériaux de rebut. Les mains enfoncées dans les poches de son pantalon de costume-cravate de couleur sombre, Manuel Valls, accompagné de la nouvelle ministre de la culture, la discrète et ordinaire Audrey Azoulay,  s’est volontiers dégourdi les guiboles, avant de continuer de se promener, cette fois uniquement grâce à son regard fixé au loin sur la Loire s’écoulant paisiblement au pied du Château de Chaumont, le temps des discours officiels. Puis il est à son tour monté à la tribune (ou plutôt sur l’estrade) un peu avant 18 heures, pour une allocution de treize minutes et vingt-quatre secondes, montre en main. Il a insisté et répété à moult reprises la possibilité grâce aux politiques culturelles d’ «ouvrir des perspectives» (aux artistes, dans les quartiers, etc.), faisant déjà résonner dans tous les esprits présents ce jour-là la réalité citée plus bas. «La culture, c’est la sève de la vie. L’espérance, ce sont les artistes qui la créent. L’art, c’est ce qui échappe aux catégories, c’est ce qui refuse l’étiquette, un mal si français, le cloisonnement, la limite fixée et qui va au-delà. (…) Nous devons sans cesse bâtir, créer, innover, faire tomber des barrières, oser, aimer la confrontation. C’est le remède contre le repli, la défiance, la peur de l’autre. C’est aussi le ciment de notre unité. Bâtir, créer, innover. C’est aussi une réponse magistrale à tous ces obscurantismes qui veulent détruire et qui, de Palmyre à Tomboctou, ont voulu saccager le patrimoine de l’Humanité, enfermer les consciences et pour le dire différemment, bannir l’universel. Et, à sa manière, cette saison d’art (à Chaumont) apporte sa pierre à l’édifice.» 



Le Premier Ministre Manuel Valls, accueilli par le gratin local. Avec la ministre de la culture Audrey Azoulay, la directrice du Domaine Chantal Colleu-Dumond et les artistes ensuite. Avant de finir (presque) les yeux dans les yeux avec le président de la Région, François Bonneau. PHOTOS © Émilie RENCIEN


Exit les hippos ?

Toujours dans un style décontracté, emplissant ses poumons de l’air pur loir-et-chérien un ultime instant, Manuel Valls a à nouveau foulé le chemin emprunté à son arrivée, mais dans le sens inverse, pour grimper dans l’un des vans noirs d’un long cortège motorisé et se poser sur des sièges confortables entre des dossiers et des pochettes estampillées au nom de marques de luxe. Et c’est là que le rideau (la porte) se ferme et que le spectacle est terminé ; chacun rentre chez soi, à Paris ou ailleurs. En tout cas, pour la famille Delord qui espérait ce mois-ci accueillir cette personnalité ministérielle en particulier pour l’inauguration de sa nouvelle zone africaine, ça semble raté. Le 1er avril, le Premier Ministre a effectué un tour de manège régional, s’arrêtant dans l’Eure-et-Loir et le Loir-et-Cher, en passant par le Loiret … et en oubliant Beauval. Il est par conséquent peu probable que l’intéressé revienne de sitôt dans le coin juste pour découvrir la jolie frimousse des hippopotames Kiwi et Kvido. Mais qui sait ? Manuel Valls a révélé la proposition du président de la Région, François Bonneau : «il m’a invité pour d’autres rendez-vous, ici, dans quelques mois pour poursuivre ma quête de mon amour pour cette région Centre-Val de Loire.» Alors, en dépit d’un regard français que le représentant du Gouvernement a qualifié de  «toujours pessimiste et déprimé», l’espoir est peut-être permis ? Surtout quand on se souvient que c’est notamment grâce à François Bonneau qu’un autre François, le Président de la République Hollande, s’est décidé en septembre 2015 à venir voir les pandas Huan Huan et Yuan Zi manger du bambou…

Émilie RENCIEN

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