jeudi 15 décembre 2016

Pléiade de stars au château, pour la bonne cause


À Cheverny, la famille de Vibraye avait mis les petits plats dans les grands samedi 3 décembre. La féérie fut au rendez-vous, ce n’était pas encore Noël et pourtant, la soirée fut un présent à part entière.


                                Photo de famille pas comme les autres © Émilie RENCIEN

L’hiver n’a pas encore sonné sur le calendrier mais la nuit tombe en cette morne saison tôt sur les maisonnées, rebutant parfois les uns et les autres à s’extirper d’un cocon chauffé. Samedi 3 décembre, personne n’a regretté d’avoir sorti son nez et bougé ses guiboles direction Cheverny. Sur un ciel sans étoiles, le château qui a inspiré Moulinsart à Hergé se détachait avec sa façade colorée passant d’un bleu éclatant à un vert enthousiasmant, en n’oubliant pas un rouge saisissant. Sur le chemin, des photophores gris et ronds à la flamme vacillante sous un léger vent guidaient les pas des visiteurs nocturnes jusqu’au perron où ont résonné, dans la pénombre éclairée par une crèche géante et des décorations magiques, les trompes de chasse, de Cheverny évidemment, réveillées par le souffle rythmé de sonneurs masculins et féminins vêtus de rouge. De quoi retrouver son âme d’enfant à l’approche des fêtes de fin d’année ! Et renouer avec l’insouciance. Ce fut d’ailleurs le leitmotiv de cette soirée cheverniesque. «Nous travaillons sur des solutions pour permettre de retrouver le chemin de l’insouciance et pour redonner la liberté de faire, » a martelé le Dr Saïd Bekka, installé à Chartres. Un médecin parmi les convives ? Oui, cette nuit du 3 décembre, bien que marquée par la présence de nombreuses personnalités, n’était pas un rendez-vous de paraître mais bien d’êtres. L’évènement inédit a en effet célébré les soixante ans de l’association parisienne d’aide aux jeunes diabétiques, gratifiés par un chèque de 34.254 € de dons récoltés à cette occasion, et a surtout offert l’opportunité d’expliciter une maladie souvent confondue avec d’autres symptômes apparentés. «Le diabète de l’enfant est mal connu, » a confirmé le Dr Bekka. « On compte 20.000 jeunes touchés par un diabète de type I contre 3 millions de Français concernés par un type II. » Dans le détail, le premier apparait chez les sujets donc jeunes, causé par la destruction et la disparition des cellules bêta du pancréas, alors que le second survient chez les personnes âgés de plus de 40 ans, généralement favorisé par un surpoids  une alimentation riche et un manque d’activité physique.

                                            Entre hommes à Cheverny © Émilie RENCIEN

Un tsunami d’émotions

Du côté des statistiques, le diabète de type I s’avère de nos jours deux fois plus fréquent qu’il y a vingt ans. Prédispositions génétiques ? Facteur environnemental ? Virus ? La science s’avère encore indécise. Quoiqu’il en soit, la pathologie est handicapante au quotidien et pas seulement du fait de piqûres répétitives sur le bout des doigts pour mesurer son taux glycémique.  Obligation de renouveler son permis de conduire tous les cinq ans, temps compensatoire pas toujours accordé lors des examens, facilités moindres pour contracter un prêt bancaire, etc. Autant de joyeusetés sur un chemin déjà bien encombré. Les enfants du marquis et de la marquise de Cheverny, Eugénie, Isaure et Maximilien, sont atteints de ce trouble sucré qui coule dans leurs veines. «Le diabète, nuit et jour, leur rappelle qu’il est là,» a expliqué Constance de Vibraye.  « Une balade à cheval, une partie de tennis, une ascension au Mont St-Michel, des courses au supermarché, un apéritif entre amis, un examen ou un concours. Rien de tout cela ne peut s’improviser, tout doit se programmer et être accepter.» Des innovations sont dans les cartons pour réduire les contraintes et les douleurs ; le lecteur de glycémie FreeStyle Libre constitue un premier pas mais il demeure non remboursé par la Sécurité Sociale. En attendant le progrès et les prises de conscience, le dîner caritatif du 3 décembre à Cheverny, qui a rassemblé 290 convives (2) dans l’Orangerie, a réussi son pari de faire oublier les tracas du quotidien le temps de quelques heures grâce à un parterre formidablement pailleté. Autour des tables dressées avec goût, des noms connus : le journaliste Vincent Ferniot, actuel présentateur de l’émission « Midi En France » sur France 3 ; l’ancienne miss Météo de Canal+, Louise Bourgouin, devenue actrice ; l’animateur et producteur Jérôme Pitorin,  qui s’est extirpé de la « Nouvelle Star » de M6 pour vivre des « échappées belles» sur France 5 ; l’écrivain plein d‘esprit Franck Ferrand dont la voix officie en ce moment sur Europe 1 pour des chroniques « au cœur de l’histoire »… La musique fut également bonne avec une « foule sentimentale » entre la poire et le fromage, lancée par Alain Souchon et ses deux fils, Pierre et Charles dit « Ours », accompagnés de Philippe Lavil qui « tape sur des bambous ». Laurent Voulzy, dont le nom était annoncé sur les cartons d’invitation, s’est désisté après un malencontreux accident domestique. «J’ai descendu plus vite que prévu un vilain escalier, » a raconté le chanteur immobilisé dans un message enregistré diffusé. « Malgré mon absence physique et des regrets, mon cœur a des ailes et il est avec vous. » Après le concert, Alain Souchon, venu en voisin avec son épouse Françoise (2), n’a pas hésité à converser avec nous en plaisantant, avant deux bouchées du dessert dont il n’a pas manqué de se resservir. « Ma copine au collège de Romorantin ? Ah oui, je m’en souviens mais le problème, c’était que j’étais amoureux mais pas elle, ça arrive souvent ! » Le mot de la fin est revenu au marquis Charles-Antoine de Vibraye. « J’ai ressenti une vague d’émotions provoqué par un tsunami. » La formule a parfaitement résumé le moment vécu, et même si ces propos s’adressaient de prime abord à son épouse, ils n’ont pas manqué de faire briller les yeux de leurs trois progénitures à l’avenir souriant à l’image du château de Cheverny sublimé passé minuit par un feu d‘artifice réchauffant les coeurs.

Émilie RENCIEN

                                                  Cadeau avant Noël © Émilie RENCIEN

(1) Les tables ont toutes été réservées en l’espace de deux heures. Une liste d’attente a été créée mais la date était complète ; quelques chanceux ont pu voir leur demande aboutir après des désistements. « Nous aurions pu être 1.000 ! » a constaté Constance de Vibraye. Les invités privilégiés ont, eux, pu participer à une tombola et gagner de nombreux lots (vase, magnum, etc.), toujours au profit de l’association des jeunes diabétiques.
(2) Après avoir acquis le Château de Chémery qu’il a cédé et qui appartient aujourd’hui à l’architecte Axel Fontaine, l’artiste qui habite à Paris possède une maison du côté de Cheverny.

Paru sur  http://www.lepetitsolognot.fr/pleiade-de-stars-au-chateau-pour-la-bonne-cause/


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire