lundi 19 septembre 2016

Moi, Nicolas Sarkozy qui souhaite redevenir président...

L’ancien chef de l’État entend bien prendre sa revanche sur François Hollande. La campagne du candidat à la primaire de la droite et du centre bat son plein, notamment dans le monde rural comme dans le Loir-et-Cher jeudi 8 septembre.


Nicolas Sarkozy le 8 septembre dans le Loir-et-Cher, bien entouré...© Émilie RENCIEN

Plus de cinq heures passées à Vendôme. Il fallait au moins ça pour serrer des mains, prendre des selfies, dédicacer des livres et convaincre les esprits encore indécis. Et surtout, une nouvelle fois, revenir sur le devant de la scène pour parler aux Français d’en bas. Nicolas Sarkozy a ainsi affirmé souhaiter « être le porte-parole de la majorité silencieuse qui n’en peut plus» et vouloir « répondre à l’angoisse de la population des campagnes», évoquant les villes et « deux poids, deux mesures ». Il a aussi ouvert son cœur débordant d’amour, le répétant pendant toute sa journée loir-et-chérienne du 8 septembre. « Je veux dire la vérité aux Français. En 2012, nous avons échoué mais je n’ai pas menti. Je veux vous livrer mon expérience. J’aime les gens courageux, j’aime mon pays, j’aime les usines et l’industrie française (pointant le problème Alstom à cette occasion), j’aime le travail. » J’aime, j’aime. Okay. Une trop grande habitude du bouton « like » des réseaux sociaux peut-être ? Il a conclu. «  Je suis un sentimental, vous savez. » Outre ces considérations affectives, Nicolas Sarkozy, qui s’est montré moins pugnace qu’à l’accoutumée (« c’est à cause de la chaleur étouffante dans la salle », ont prétexté certains élus croisés ; l’image sur scène nous a en tout cas rappelé cette tension nerveuse perçue en mars 2012 à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-Nouan), a évidemment exposé ses projets en citant deux fois l’action du Général de Gaulle, taclant de temps en temps l’homme en marche Macron (et faisant tomber d’autres têtes au passage bien sûr), prévoyant l’alternance Républicains-UDI. Au menu : l’ancien Président veut protéger les Français face à la menace sécuritaire et prendre les mesures qui s’imposent, faire du travail « un contrat de la société » («celui qui est au chômage ne le fait pas exprès», at-il jugé bon de souligner) et donner de la souplesse à l’embauche en France, permettre aux retraités d’occuper un emploi (« pour leur donner une liberté complète et apporter de la croissance et du pouvoir d’achat» selon lui), établir un plan Marshall pour sauver l’agriculture et la ruralité, ou encore créer un nouveau traité pour l’Europe et par conséquent un nouveau Schengen. « J’ai toujours été européen, » a-t-il même tenu à préciser. Il en a profité d’ailleurs pour dévoiler son agenda 2017 en annonçant qu’il serait à Berlin le 7 mai puis à Londres le 8 mai. Quant au plan Marshall précité, il sera «engagé dès juillet 2017. » Tout était déjà planifié. Bah oui quoi, c’est qui le patron ? Demeure une inconnue dans l’équation tout de même, à savoir le résultat aux élections présidentielles de l’année prochaine. Mais il paraît que prévoir, c’est régner…

Toujours populaire malgré tout © Émilie RENCIEN

Une fascination qui s’essouffle ?

Quoiqu’il advienne, la popularité de l’ancien chef de l’État est indéniable. Dans les murs de l’entreprise Écofit, spécialisée en solutions de ventilation à Vendôme, qui fête cette année ses quarante ans d’existence et que Nicolas Sarkozy a visité avant son meeting au Minotaure, les salariés n’ont pas hésité à poser avec l’intéressé tout sourire, au milieu de ces hommes et de (toutes) ces femmes (nombreuses parmi les rangs) qui se lèvent tous les matins pour gagner dignement leur croûte à la sueur de leur front. Même les médias nationaux présents sur place (en nombre également) semblaient comme hypnotisés par la star politique, se battant presque pour saisir la moindre image du candidat à la (en) campagne, pourtant toujours aussi peu chaleureux avec la presse. Le personnage fascine donc toujours les foules et possède toujours une cour autour de lui. À Vendôme, du côté du cru, le président du Conseil Départemental et ancien ministre de la ville Maurice Leroy (dont l’allocution a été précédée de la fameuse chanson de Michel Delpech sur le Loir-et-Cher), le maire de Neung-sur-Beuvron et conseiller politique de Nicolas Sarkozy Guillaume Peltier, les vice-présidents départementaux Nicolas Perruchot et Christina Brown, des chefs d’entreprise de la Vallée du Cher (pas la peine d’en dire plus), sans oublier, côté national, l’ancien préfet du Loir-et-Cher Gilles Lagarde, l’ex judoka David Douillet, le président de la région PACA Christian Estrosi, les anciens ministres Éric Woerth et Brice Hortefeux… Une popularité sans failles. Mais sinon, qu’en est-il de l’adhésion aux idées ?  Là, le soufflé retombe légèrement et le « boss » commence à perdre de sa superbe. Par exemple, la ferveur, quelque peu effrayante, ressentie lors des Fêtes de la violette organisées en juillet en Sologne à la Ferté-Imbault depuis 2013 (qui n’a pas eu lieu cette année, ndrl) était moins palpable lors du meeting au Minotaure à Vendôme ce jeudi 8 septembre. Pas ou peu de « Nicolas ! » scandés avec passion à tout va. «Je suis Sarkozy depuis dix ans. Il a été Président dans une mauvaise période. Il reste dans les sondages mais il nous a un peu déçus. C’est toutefois l’homme de la situation. Mais bon, je vous l’avoue, j’aime bien Marine (le Pen) aussi, » confie sans détour Alain, un retraité blésois. « Et ce qui est dommage aujourd’hui, c’est qu’il y a peu de jeunes dans la salle à Vendôme… ». « Sarkozy, oui, il est bien mais pour moi, Juppé est celui qui affiche et rassemble le plus les valeurs du gaullisme, » raconte le vendômois Jean-Paul. «Il est de janvier, C’est un Verseau je crois, et ce signe astrologique répète toujours les mêmes erreurs, » remarque franchement Jacqueline, une loir-et-chérienne de 71 ans, tenant le bouquin « Tout pour la France » dans ses mains. «  Il devrait arrêter de critiquer Hollande par contre. Oui, sinon, je reste agréablement surprise par le volontarisme, même fatigué, de Monsieur Nicolas Sarkozy. Il a bien martelé les thèmes de sa campagne qui peuvent nous donner de l'espoir et nous permettre de rester positifs dans cette France qui se pose beaucoup de questions… Je suis très heureuse de l'union centriste et républicaine.» D’autres spectateurs du meeting vendômois ont paru presque gênés, évitant nos questions « Le discours de Nicolas ? Oui… Bien… À voir. NKM ? Elle a bonnes idées. Et Bruno le Maire, vous vous en pensez quoi ? Vous êtes de droite ? » À l’extérieur, une poignée de représentants de la CGT a aussi partagé son opinion. «Sarkozy ! Ça ne nous rassure pas de le voir ici. Nous aurons la retraite à 65 ans avec lui. Travailler plus pour gagner plus. Juste la promesse pour nous de travailler et de gagner le SMIC, oui !» François Hollande, c’est mieux alors, si nous comprenons bien ? « Ah non, non plus ! Ils sont tous pareils, ce sont tous et toutes les mêmes, on les a tous essayés !» Avec un petit air de déjà-vu, Nicolas Sarkozy a pourtant martelé avant de rallier la capitale. « Je ne serai jamais le président de l’impuissance. Je serai le président de l’action. » L’ouvrage est sur le métier et ça tombe bien car l’ancien chef de l’État a reconnu à Vendôme que « dans la vie, on a besoin de deux choses, aimer (encore une fois, décidément) et travailler. J’aime le mot travailler, j’aime le travail.» Après un premier mandat de Président de la République, il n’est jamais trop tard pour se retrousser les manches. Pour le reste, ce sont les urnes qui parleront tôt ou tard. Et tout peut devenir possible…


Émilie RENCIEN




http://www.le-petit-blaisois.fr/

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