mercredi 3 février 2016

La grand'messe loir-et-chérienne de Bernard Cazeneuve

Romorantin-Blois. En août 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait déjà emprunté cette route et marqué ces deux étapes. Moins de trois ans plus tard, dans le même rôle sur le même trajet, Bernard Cazeneuve.



Un ministre bien entouré à Romorantin © Émilie RENCIEN

Sur les chapeaux de roue entre 15h et 18h. C’est devenu une habitude pour les déplacements des membres du Gouvernement. Celui de Bernard Cazeneuve n’a pas échappé à la règle jeudi 21 janvier. Arrivé à Romorantin avec vingt minutes de retard (rattrapé par la suite), le ministre de l’Intérieur a visité au pas de course la Maison de l’État solognote, place du Château. Une nouvelle construction ?  Que nenni. Les locaux déjà existants de la sous-préfecture et de l’ex tribunal d’instance ont été rebaptisés du fait qu’ils abritent depuis la fin de l’année 2015 plusieurs services étatiques, à savoir la sous-préfecture donc, ainsi que la Direction départementale des territoires (antenne territoriale Sud), la Direction des services départementaux de l’Éducation Nationale (circonscription romorantinaise), le Service territorial éducatif de milieu ouvert et d’insertion de la protection judiciaire de la jeunesse et le Service départemental de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. «Nous avons avancé au même rythme que la Maison de l’État de Vendôme. Nous avons accueilli nos nouveaux services à peu près en même temps, c’est-à-dire en décembre 2015, » a précisé le sous-préfet en place, Emmanuel Moulard. « À Romorantin, désormais, nous sommes entre 28 et 30 fonctionnaires, dont dix côté sous-préfecture. » 

Une plaque dévoilée en Sologne © Émilie RENCIEN

Des vœux et des objectifs

Ni une ni deux. À 16 h et moins de cinq minutes, le cortège automobile s’élançait déjà sur la route, direction Blois pour une deuxième visite, cette fois de la préfecture. Pas de discours à Romorantin (excepté les messes basses avec des élus de droite et de gauche dans les couloirs), laissant un peu sur sa faim la presse locale qui a toutefois eu droit à une poignée de minutes d’interview à quelques marches de la voiture ministérielle, moteur en marche. «Je suis venu ici car vous savez que je souhaite que l’État soit plus présent sur le territoire national, plus présent en milieu rural. C’est important dans le contexte particulier que traverse notre pays, y compris en raison de la menace terroriste, que de voir l’État, les préfets, ceux qui incarnent l’autorité, présent sur le territoire national, » a exprimé Bernard Cazeneuve, très élégant, arborant une pochette blanche de costume. « Il est important aussi que les Communautés de communes, et notamment rurales, puissent avoir des interlocuteurs qui les accompagnent dans leurs projets. Il faut que dans les Maisons de l’État, il y ait des équipes d’ingénierie, des acteurs de l’État qui puissent être de véritables interlocuteurs quotidiens des collectivités locales qui parfois, pour mener à bien leurs projets, sont confrontées à des problèmes juridiques, du droit de l’’environnement, financiers, ou alors encore qui ont besoin d’avoir accès à des programmes de financements européens ou nationaux, et les sous-préfectures et les Maisons de l’État sont là pour cela.  Il faut le faire avec le souci de l’efficacité, c’est-à-dire de la mutualisation, de l’économie, de la modernisation. (…) Ici, plusieurs administrations travaillent ensemble et créent les conditions de mutualisation.»


Avec le préfet à Blois.  Le style Cazeneuve © Émilie RENCIEN



Donner et vouloir, c'est pouvoir

Des fusions, des rapprochements, des regroupements de services… Une nouvelle distribution qui signerait à terme la fermeture des sous-préfectures tant redoutée ?  Bernard Cazeneuve a démenti à sa façon. «Je suis le ministre de la sécurité et aussi celui des préfectures et des sous-préfectures. Dans mon cœur, dans mon esprit, les personnels des préfectures et sous-préfectures sont des personnels non pas à part dans les ministères mais à part entière.  Nous souhaitons donner davantage de moyens à l’État pour être présent dans les territoires et pour la première fois, depuis de nombreuses années, nous recréons en 2016 et 2017 des emplois dans les préfectures et sous-préfectures alors qu’ils en perdaient près de 800 par an. La modernisation et la rationalisation économique, ça va ensemble.» Grâce à son plan « préfectures nouvelle génération » présenté le 21 janvier à Blois dans les salons la préfecture à Blois sous forme de vœux aux personnels préfectoraux et sous-préfectoraux., le ministre de l’Intérieur a même manifesté sa farouche volonté d’en finir avec « une logique du rabot et de mutualiser les services sans supprimer des emplois » via le point final qu’il envisage de mettre à la Révision générale des politiques publiques (RGPP) impulsée sous l’ère Sarkozy. Il a affirmé vouloir « dire les choses aux Français face à un niveau de menace terroriste très élevé » avec « sans doute d’autres épreuves en Europe », vouloir donc « un État fort dans un contexte particulier pour la République, donner « des moyens considérables aux forces de sécurités avec 500 emplois de plus par an », donner en outre « un peu plus aux agents et redonner du pouvoir aux préfets sans pour autant renforcer des féodalités territoriales, non par jacobinisme, même si je le suis, non pour reprendre des paroisses aux collectivités locales » mais, répétant, « la France, la République, a besoin d’un État fort et départemental.» Cerise sur la galette de début d’année, Bernard Cazeneuve a révélé l’accord donné pour l’engagement de travaux pour la sortie de terre d’une nouvelle caserne de gendarmerie à Lamotte-Beuvron, remplaçant l’actuelle qui date des années 1960. Le budget de l’opération n’est pas encore connu mais le déménagement, maintes fois abordé notamment lors de la visite, encore une fois, du Président de la République Nicolas Sarkozy en 2010,  est bien confirmé pour cette année 2016. « Je signerai l’accord dans les semaines qui viennent.» Outre ces annonces, de ce déplacement, on retiendra  le style Bernard Cazeneuve, calme et posé. Un air de flegme britannique. Le sénateur maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux, a d’ailleurs souligné le caractère « conciliant » du dit ministre et salué son « sang-froid » face aux récents et tragiques évènements.


Émilie RENCIEN
(Paru dans le Petit Solognot et le Petit Blaisois, janvier-février 2016)



Romorantin-Blois, 15h-18h. Un timing serré sur la route, surtout pour les journalistes qui respectent le code de la route...© Émilie RENCIEN



Petites phrases
Un ministre, amoureux des animaux, sans plus : « Ah oui, François Hollande m’avait raconté sa visite en septembre 2015 au zoo de Beauval. Il y a eu une naissance non, un panda ? » 
Chasseur ? Non plus : « On m’a dit qu’il fallait attendre six mois avant de consommer un cuissot de sanglier… »  
Mais une âme gaulliste ! : Après avoir lu les Mémoires de guerre du général De Gaulle, « je me suis découvert gaulliste... À 52 ans, c’est un peu tard… » 
É.R.



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