jeudi 27 octobre 2016

Une journée d’école buissonnière avec Nicolas Vanier, François Berléand et Éric Elmosnino


Nous l’avouons, nous avons séché certains de nos rendez-vous lundi 17 octobre pour rejoindre le tournage du réalisateur qui filme en ce moment en Sologne. Mea culpa en mots et en images.


                 François Berléand concentré entre deux prises. photo © Émilie RENCIEN


Faire le mur apporte toujours son lot de surprises. Et assister à un tournage de Nicolas Vanier, ça se mérite. Avant d’arriver sur le lieu qui nous avait été indiqué, la route fut longue en voiture pendant près d’une heure sous de brèves mais violentes averses car le point de rendez-vous n’était pas si aisé à dénicher une fois au volant. Plusieurs arrêts furent nécessaires pour tenter de repérer la bonne voie à l’aide de notre téléphone connecté et du fichier PDF mailé. Un panneau « route barrée » tout à coup. Nous nous retrouvons engagés sur une route qui ressemble à beaucoup d’autres mais au bout de laquelle s’érige une majestueuse forêt et un superbe château, celui de de Villebourgeon, en briques de couleur rouge-rose typiques de la Sologne, agrémenté d’un paisible étang. C’était alors parti pour « l’école buissonnière », le titre du nouveau long-métrage (1) que Nicolas Vanier réalise dans le Loir-et-Cher (et également dans le Loiret) depuis plusieurs semaines. À l’origine, c’était « Sologne » mais cela faisait sans doute trop songer à un documentaire. « Ce n’était pas adapté, pas assez évocateur, » commente Philippe Gautier, le directeur de production, que nous croisons en essayant d’activer notre sens de l’orientation. « Vous vous êtes perdue ? Vous êtes du journal le Parisien ? Vous ne connaissez pas votre région alors ? » Quelques échanges plus tard, nous devons parcourir un long chemin herbeux pour rejoindre les caméras installées plus loin. Nous croisons des hommes apprêtés pour le tournage, évoquant un autre temps et surtout chaussés de bottes contrastant avec nos chaussures à talons que nous avions oublié de changer dans la précipitation. Paul, un orphelin parisien qui débarque dans un vaste domaine de Sologne géré par un garde-chasse froid et distant, c’est bien le pitch du film, non ? L’enfant des villes qui pose ses valises à la campagne ? Nous sommes dans le thème finalement, tout en trébuchant parfois sur des pierres. Deuxième arrivée au bon endroit, cette fois enfin au cœur de l’action. Tout un camp gitan a été reconstitué, là, au milieu d’une clairière ensoleillée après l’épisode pluvieux. Des guitares, un singe sur l’épaule d’une femme, des jupes longues, des enfants qui s’amusent, du vin sur une table et un feu de bois en train de crépiter. L’immersion est immédiate, on s’y croirait et nos mésaventures sont vite oubliées. «Moteur ! Plus personne ne bouge ! Ça tourne… Coupez ! » Un chien aboie au loin, des chevaux sont au pré, une jeune fille danse et François Berléand observe, mains gantées, cravate nouée sous un élégant gilet de costume, casquette-béret plate grise visée sur la tête. Jean Scandel, un garçon de 12 ans encore inconnu du grand public mais qui ne devrait pas le rester longtemps, se prépare dans un coin en attendant, pris en charge par une maquilleuse dans les bois solognots, pour se mettre tout à l’heure dans la peau du personnage de Paul. Entourés de 60 techniciens, Nicolas Vanier et son premier assistant-réalisateur, Olivier Horlait, guident et conseillent comédiens et figurants avec patience, précision et calme jusqu’à ce que la prise lancée soit parfaite. « Le cinéma, ce n’est pas ce que l’on imagine, » remarque d’ailleurs une figurante aux cheveux noir de jais bien coiffés que nous connaissons. Il s’agit d’Amandine Deniau qui fut Miss Centre-Val de Loire et qui travaille actuellement dans l’entreprise Celliob de ses parents à Selles-sur-Cher. Elle raconte. « Je joue une parisienne et on m’a coupé un peu les cheveux. Les journées sont longues, chaque scène est répétée puis captée plusieurs fois pour avoir le résultat escompté. Oui, c’est une bonne expérience, c’est mon premier film. Ici, avec Nicolas Vanier, l’ambiance est sympathique. Nous avons par exemple aujourd’hui déjeuné tous ensemble, avec les acteurs, à la bonne franquette. J’espère que cela donnera l’idée à d’autres réalisateurs de venir tourner dans notre belle région.» Pas sûr mais il ne faut jamais dire jamais. «Tourner en Sologne, c’est rare parce que c’est compliqué en fait. Pas de réseau ou une fois tous les cinq mètres, des lieux reculés, des problèmes de logement pour les équipes,» remarque à nouveau Philippe Gautier, puis il nuance. « Un excellent accueil par contre.  À Neung-Sur Beuvron, le maire (Guillaume Peltier, ndrl) nous a permis de stocker notre matériel et nos costumes dans plusieurs salles dont celle du conseil municipal. Les animaux ? C’est le solognot Laurent Charbonnier qui gère les séquences. Dans le film, vous verrez des écureuils sur leurs arbres, des traversées de cerfs, etc.»


                       Sur le tournage, Éric Elmosnino a toujours le mot pour (faire) rire.
                                                           photo © Émilie RENCIEN

Rendez-vous dans un an

En regardant discrètement les scènes s’enchaîner et la fausse pluie tomber drue  en s’échappant d’impressionnants tuyaux dirigés vers les nuages grâce à de solides structures métalliques verticales (c’est ça, la magie du cinéma), nous relisons le scénario, enfin le résumé. Un parisien qui débarque dans la cambrousse solognote peuplé de gitans, de roulottes et de chasseurs, ce n’est pas trop cliché ? « Non, c’est ce que je vois depuis 50 ans, » affirme Nicolas Vanier qui nous a accordé deux minutes d’entretien, chrono en main. « L’idée m’est venue en lisant Maurice-Genevoix, en me remémorant mon enfance. C’est un parti pris, c’est la Sologne de mes souvenirs et la nature que j’aime.» Bon, bon… Et François Berléand (2), il en dit quoi ? «La dernière fois, c’était vert. Avec l’automne, les couleurs ont changé. La Sologne, c’est beau, c’est la nature, » confie-t-il devant le château privé, après avoir quitté le camp de gitans factice déjà démonté, et avant de faire semblant de promouvoir sa nouvelle pièce de théâtre suite à une boutade d’Olivier Horlait. À quelques pas, le moustachu Éric Elmosnino, qui a lâché sa cigarette, jongle avec son parapluie tout près d’un ballet de voitures anciennes et multiplie les blagues entre deux prises pour faire rire les uns et les autres. « Le vieux, t’es prêt ? » « Ta gueule, j’arrive !»  lui répond d’un ton bon enfant le barbu Berléand, qui s’était aussitôt engouffrer dans le château après l’interview. Amusée, une autre figurante, Nina Von Rönne, portant une valise, vêtue d’un long manteau marine et d’une robe rose des années 30, s’extasie. « J’ai été castée lors d’un vernissage à Paris. La comédie, ce n’est pas mon métier mais j’apprends. J’ai dû improviser hier et me dénuder un peu. C’était drôle, je m’en souviendrai, c’est génial ! » Le tournage de « l’école buissonnière » s’achèvera si tout va bien à la fin du mois de novembre. Pour voir le résultat sur grand écran, il faudra attendre le 11 octobre 2017. Une projection en avant-première sera certainement organisée en Sologne pour remercier ses habitants et ses élus. Nous avons hâte de retenter l’école buissonnière, hors des sentiers battus.

Émilie RENCIEN

(1) Faut-il préciser les films à son actif ? « Le dernier trappeur » (2004), «l’Odyssée sauvage » (2006), « Loup » (2009), et récemment «Belle et Sébastien » (2013).
(2) Également au casting, un autre François, Cluzet.

 Publié sur http://www.lepetitsolognot.fr/

1 commentaire:

  1. Je tape au hasard dans Google "L'école buissonnière gitan" pour voir si des choses sont publiées en ce sens, je tombe sur votre photo, mais... mon fils est de dos. Râté ! J'espère qu'on aura la chance de découvrir dans le film les scènes avec les gitans. Bonne soirée merci pour l'article

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