L’ancienne secrétaire d’État du gouvernement Sarkozy-Fillon est officiellement
candidate pour 2017. Elle part à la chasse aux promesses de parrainages, comme dans le Loir-et-Cher fin octobre.
Rama Yade, une candidate sans langue de bois. Ici, avec la blésoise Christelle Ferré
et sa directrice de cabinet, Annie Hugon, à Blois (41). Photo © Émilie RENCIEN
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Différente et indépendante,
originale et ovni-esque. Il est évident que Rama Yade détonne dans un paysage
politique français qui semble faire du sur-place. «Mon but n’est pas de rajouter
du bruit au bruit ambiant. Je suis une alternative au système classique
disqualifié et à l’extrême-droite qui isolera la France, » a affirmé de
façon assurée et déterminée la jeune femme de 39 ans qui a pour le moment réuni
250 parrainages et créé une coopérative politique baptisée « la France qui
ose ». Son credo affiché n’est pas la reproduction. « La candidate du
renouveau ? Ce mot a tellement été employé. Oui, l’innovation, cela me va
mieux. Le choix proposé aux Français, c’est-à-dire d’anciens présidents,
d’anciens ministres et l’extrême droite, est un non choix, une prise d’otage de
la démocratie alors que le monde entier renouvelle ses dirigeants. Regardez
Obama aux États-Unis, le Premier ministre Justin Trudeau au Canada, Tsipras en
Grèce.» Rama Yade, qui se présente encore selon ses propres termes comme
« une candidate transpartisane et utile» déroule sa vision pour le
pays : reconnaissance du vote blanc, fin du cumul des mandats, abolition
des privilèges des parlementaires dont le nombre doit diminuer, inéligibilité
des élus condamnés pour des faits de corruption, création de nouveaux emplois
dans de nouveaux secteurs (énergies renouvelables, installations paysannes, économie
collaborative, etc.) au lieu de « sauver les vieilles usines qui ne peuvent
plus l’être », basculement de l’État-Providence vers une démocratie citoyenne, arrêter d’être
le ventre mou de l’Europe… Alors que certains luttent contre le décrochage
scolaire grâce à l’informatique et la technologie, elle veut éviter les décrocheurs
numériques qui loupent le train en marche. Elle souhaite également se battre
pour les jeunes, les femmes, les entrepreneurs, sans oublier « les campagnes
méprisées et les quartiers abandonnés aux proies de l’imaginaire Daesh. » Elle suspecte enfin la volonté cachée des
pouvoirs publics, celle de faire disparaître l’échelon communal, à l’abri des
regards et dans le secret.
Des élus locaux menacés
À Vendôme en septembre, Nicolas
Sarkozy a déclaré vouloir être « le porte-parole de la majorité silencieuse
qui n’en peut plus. » À Blois en octobre, Rama Yade a indiqué souhaiter représenter
«la France périphérique », celles et ceux qui ne le
sont pas », et ne mâche pas ses mots. Tout comme la Christelle
Ferré, conseillère municipale d'opposition à Blois, elle est devenue non encartée après avoir signé la charte de naissance
d’un mouvement nouveau insufflé par Jean-Louis Borloo, aujourd’hui retombé tel
un soufflé. «L’Udi ? Lequel ? Où ? Les promesses ont été
trahies. Pour moi, on assiste à la primaire de la droite et… de la droite !
Juppé ? C’est un Républicain, pas un centriste. Je m’en sens
éloignée. Sarkozy ? Nos désaccords sont de notoriété publique. Il est
beaucoup attaqué car il a beaucoup promis.» Alors, pourrait-elle être le
troisième homme des élections présidentielles à venir ? Elle semble en tout cas
déranger certains dinosaures politiques qui, à l’instar de ce qui s’est passé
avec Nathalie Kosciuko–Morizet pour la primaire de la droite et du centre,
tentent de lui mettre des bâtons dans les roues sur son chemin vers la
présidentielle pour éliminer cet (autre) caillou remarqué dans la chaussure. «Je
ne suis pas un ovni, ce sont eux ! Vaucluse, Saône-et-Loire, Somme, Vosges…
Depuis six mois, je sillonne les territoires et je rencontre des maires ruraux.
La ruralité, c’est là où se trouvent souvent les maires indépendants, les
rebelles, les combattants. J’ai une dizaine de rendez-vous dans le
Loir-et-Cher, dans les communes, communautés de communes et communes nouvelles.
Un élu de votre département m’a d’ailleurs récemment écrit pour m’informer du
fait qu’il avait reçu des menaces, des chantages à la subvention. C’est
abominable, où sommes-nous ? Ce sont soi-disant des hommes forts…»
Impossible de convaincre l’intéressée d’en révéler davantage, hormis le fait que
cela vient « de tout le département ». Peu importe, on devine. Et Rama
Yade, elle, poursuit sa quête pour obtenir les 250 signatures manquantes et avant
de partir de Blois, elle insiste. « Dans le paysage politique actuel, le
risque est d’avoir Nathalie Arthaud pour l’extrême gauche, Marine le Pen pour
l’extrême droite. Moi, je ne suis pas une femme classique. » Elle sourit.
« Enfin, un tout petit peu plus classique.»
Émilie RENCIEN
http://www.le-petit-blaisois.fr/
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