Nous l’avouons, nous avons séché certains de nos rendez-vous lundi 17
octobre pour rejoindre le tournage du réalisateur qui filme en ce moment en
Sologne. Mea culpa en mots et en images.
Faire le mur apporte toujours son
lot de surprises. Et assister à un tournage de Nicolas Vanier, ça se mérite.
Avant d’arriver sur le lieu qui nous avait été indiqué, la route fut longue en
voiture pendant près d’une heure sous de brèves mais violentes averses car le
point de rendez-vous n’était pas si aisé à dénicher une fois au volant.
Plusieurs arrêts furent nécessaires pour tenter de repérer la bonne voie à
l’aide de notre téléphone connecté et du fichier PDF mailé. Un panneau
« route barrée » tout à coup. Nous nous retrouvons engagés sur une
route qui ressemble à beaucoup d’autres mais au bout de laquelle s’érige une
majestueuse forêt et un superbe château, celui de de Villebourgeon, en briques
de couleur rouge-rose typiques de la Sologne, agrémenté d’un paisible étang. C’était
alors parti pour « l’école buissonnière », le titre du nouveau long-métrage
(1) que Nicolas Vanier réalise dans le Loir-et-Cher (et également dans le
Loiret) depuis plusieurs semaines. À l’origine, c’était « Sologne » mais
cela faisait sans doute trop songer à un documentaire. « Ce n’était pas
adapté, pas assez évocateur, » commente Philippe Gautier, le directeur de
production, que nous croisons en essayant d’activer notre sens de l’orientation.
« Vous vous êtes perdue ? Vous êtes du journal le Parisien ?
Vous ne connaissez pas votre région alors ? » Quelques échanges plus
tard, nous devons parcourir un long chemin herbeux pour rejoindre les caméras
installées plus loin. Nous croisons des hommes apprêtés pour le tournage, évoquant
un autre temps et surtout chaussés de bottes contrastant avec nos chaussures à talons
que nous avions oublié de changer dans la précipitation. Paul, un orphelin parisien
qui débarque dans un vaste domaine de Sologne géré par un garde-chasse froid et
distant, c’est bien le pitch du film, non ? L’enfant des villes qui pose
ses valises à la campagne ? Nous sommes dans le thème finalement, tout en
trébuchant parfois sur des pierres. Deuxième arrivée au bon endroit, cette fois
enfin au cœur de l’action. Tout un camp gitan a été reconstitué, là, au milieu
d’une clairière ensoleillée après l’épisode pluvieux. Des guitares, un singe
sur l’épaule d’une femme, des jupes longues, des enfants qui s’amusent, du vin
sur une table et un feu de bois en train de crépiter. L’immersion est
immédiate, on s’y croirait et nos mésaventures sont vite oubliées. «Moteur !
Plus personne ne bouge ! Ça tourne… Coupez ! » Un chien aboie au
loin, des chevaux sont au pré, une jeune fille danse et François Berléand
observe, mains gantées, cravate nouée sous un élégant gilet de costume,
casquette-béret plate grise visée sur la tête. Jean Scandel, un garçon de 12
ans encore inconnu du grand public mais qui ne devrait pas le rester longtemps,
se prépare dans un coin en attendant, pris en charge par une maquilleuse dans les
bois solognots, pour se mettre tout à l’heure dans la peau du personnage de
Paul. Entourés de 60 techniciens, Nicolas Vanier et son premier
assistant-réalisateur, Olivier Horlait, guident et conseillent comédiens et
figurants avec patience, précision et calme jusqu’à ce que la prise lancée soit
parfaite. « Le cinéma, ce n’est pas ce que l’on imagine, » remarque
d’ailleurs une figurante aux cheveux noir de jais bien coiffés que nous
connaissons. Il s’agit d’Amandine Deniau qui fut Miss Centre-Val de Loire et qui
travaille actuellement dans l’entreprise Celliob de ses parents à
Selles-sur-Cher. Elle raconte. « Je joue une parisienne et on m’a coupé un
peu les cheveux. Les journées sont longues, chaque scène est répétée puis captée
plusieurs fois pour avoir le résultat escompté. Oui, c’est une bonne expérience,
c’est mon premier film. Ici, avec Nicolas Vanier, l’ambiance est sympathique.
Nous avons par exemple aujourd’hui déjeuné tous ensemble, avec les acteurs, à
la bonne franquette. J’espère que cela donnera l’idée à d’autres
réalisateurs de venir tourner dans notre belle région.» Pas sûr mais il ne faut
jamais dire jamais. «Tourner en Sologne, c’est rare parce que c’est compliqué
en fait. Pas de réseau ou une fois tous les cinq mètres, des lieux reculés, des
problèmes de logement pour les équipes,» remarque à nouveau Philippe Gautier,
puis il nuance. « Un excellent accueil par contre. À Neung-Sur Beuvron, le maire (Guillaume
Peltier, ndrl) nous a permis de stocker notre matériel et nos costumes dans
plusieurs salles dont celle du conseil municipal. Les animaux ? C’est le
solognot Laurent Charbonnier qui gère les séquences. Dans le film, vous verrez
des écureuils sur leurs arbres, des traversées de cerfs, etc.»
Sur le tournage, Éric Elmosnino a toujours le mot pour (faire) rire.
photo © Émilie RENCIEN
Rendez-vous dans un an
En regardant discrètement les
scènes s’enchaîner et la fausse pluie tomber drue en s’échappant d’impressionnants tuyaux
dirigés vers les nuages grâce à de solides structures métalliques verticales
(c’est ça, la magie du cinéma), nous relisons le scénario, enfin le résumé. Un
parisien qui débarque dans la cambrousse solognote peuplé de gitans, de
roulottes et de chasseurs, ce n’est pas trop cliché ? « Non, c’est ce
que je vois depuis 50 ans, » affirme Nicolas Vanier qui nous a accordé
deux minutes d’entretien, chrono en main. « L’idée m’est venue en lisant
Maurice-Genevoix, en me remémorant mon enfance. C’est un parti pris, c’est
la Sologne de mes souvenirs et la nature que j’aime.» Bon, bon… Et François
Berléand (2), il en dit quoi ? «La dernière fois, c’était vert. Avec l’automne, les
couleurs ont changé. La Sologne, c’est beau,
c’est la nature, » confie-t-il devant le château privé, après avoir quitté
le camp de gitans factice déjà démonté, et avant de faire semblant de promouvoir
sa nouvelle pièce de théâtre suite à une boutade d’Olivier Horlait. À quelques
pas, le moustachu Éric Elmosnino, qui a lâché sa cigarette, jongle avec son
parapluie tout près d’un ballet de voitures anciennes et multiplie les blagues
entre deux prises pour faire rire les uns et les autres. « Le vieux, t’es
prêt ? » « Ta gueule, j’arrive !» lui répond d’un
ton bon enfant le barbu Berléand, qui s’était aussitôt engouffrer dans le
château après l’interview. Amusée, une autre figurante, Nina Von Rönne, portant
une valise, vêtue d’un long manteau marine et d’une robe rose des années 30,
s’extasie. « J’ai été castée lors d’un vernissage à Paris. La comédie, ce
n’est pas mon métier mais j’apprends. J’ai dû improviser hier et me dénuder un
peu. C’était drôle, je m’en souviendrai, c’est génial ! » Le tournage
de « l’école buissonnière » s’achèvera si tout va bien à la fin du
mois de novembre. Pour voir le résultat sur grand écran, il faudra attendre le
11 octobre 2017. Une projection en avant-première sera certainement organisée
en Sologne pour remercier ses habitants et ses élus. Nous avons hâte de
retenter l’école buissonnière, hors des sentiers battus.
Émilie RENCIEN
(1) Faut-il préciser les films à
son actif ? « Le dernier trappeur » (2004), «l’Odyssée
sauvage » (2006), « Loup » (2009), et récemment «Belle et
Sébastien » (2013).
(2) Également au casting, un autre François, Cluzet.
Publié sur http://www.lepetitsolognot.fr/
(2) Également au casting, un autre François, Cluzet.
Publié sur http://www.lepetitsolognot.fr/
Je tape au hasard dans Google "L'école buissonnière gitan" pour voir si des choses sont publiées en ce sens, je tombe sur votre photo, mais... mon fils est de dos. Râté ! J'espère qu'on aura la chance de découvrir dans le film les scènes avec les gitans. Bonne soirée merci pour l'article
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