dimanche 23 octobre 2016

Jérémy Ferrari : « je me situe entre le one-man show comique et le stand-up engagé»


L’humoriste sera vendredi 4 novembre sur la scène du Palais d’Auron à Bourges, dans le Cher, avec son spectacle « vends deux pièces à Beyrouth ». Un sujet détonant et un artiste sans langue de bois.

Derrière le costume bien sous tous rapports, un mélange de provoc' et d'humour noir. (c) DR




En ce moment, Jonathan Lambert divertit avec les dictateurs. Vous, c’est la guerre. Est-ce « à la mode » ?
«On me le demande souvent mais ce n’est pas vraiment la question. En fait, nous ne sommes pas tant que cela à parler des conflits. Qu’on évoque la guerre, les attentats ou les dictateurs, ce sont des sujets qui surfent sur l’air du temps. »

Surprenante idée tout de même. Comment vous est-elle venue d’ailleurs ?
« Elle a germé il y a deux ans et demi. Je m’interrogeais alors : à qui profite le crime ? Enfin, les guerres.»

Et vous avez trouvé votre réponse ?
« Oui. J’ai réalisé un travail de recherche tout comme un journaliste. Vous savez, la géopolitique, c’est formidable.  Vous croyez vraiment Nicolas Sarkozy lorsqu’il dit que faire la guerre en Lybie, c’est pour libérer le peuple ? »

Votre arme à vous, c’est l’humour finalement ?
« Je casse les codes et je me sers de documents sur lesquels j’ai mis la main et qui ne sont pas sortis dans la presse. Je parle de flics en roller, d’un recruteur de djihadistes, des ONG, etc. Je mets aussi en scène ce pompiste qu’on a oublié de la petite station-service de Villers-Cotterêts où se sont arrêtés les frères Kouachi après Charlie. Je me situe entre le one-man show comique et le stand-up engagé. Oui, c’est un spectacle très engagé qui va déranger mais qui fait rire. Il est aussi je crois très généreux. J’aime échanger avec le public et il ne faut pas oublier pourquoi ça marche.»

Peut-on vraiment rire de tout ?
« Les réactions dans la salle sont très positives. Mon premier spectacle sur les religions avait déjà bien marché. L’humour noir n’est pas ce que l’on croit. Les gens en ont marre qu’on leur mente. Et parler de moi dans un spectacle, ça ne m’intéresse pas. Ma seule et unique préoccupation est la suivante : vais-je faire marrer les gens ? Je ne me rends dans les soirées branchées, je ne m’affiche pas à telle ou telle terrasse, je ne me regarde pas tous les jours dans le miroir, je ne suis pas une star pour ados. Je suis loin de tout ça.»

Vous apparaissez tout de même dans la presse people ces jours-ci suite avec votre clash par émissions interposées avec Cyril Hanouna et Mathieu Delormeau?
«Pour l’équipe de Touche pas à mon Poste, ça ne m’étonne pas… Mais moi, ici encore, ça ne m’intéresse vraiment pas. C’est ce qui est massivement relaté ; aucun journaliste ne parle par contre de ce que j’ai exposé sur le Gabon ! »

En discutant avec vous, vous semblez justement différent de l’image qui est souvent dépeinte dans les médias…
« Peut-être parce que j’ai débuté chez Laurent Ruquier à la TV sur France 2, dans « on ne demande qu’à en rire ». À partir de ce moment-là, on vous met dans une case, les journalistes catégorisent. Et on associe le populaire à quelque chose de négatif. J’ai ramé presque dix ans avant d’y arriver.» 

Et vos autres projets ? Où en êtes-vous par exemple dans le tournage de votre comédie noire sur le chômage ?
« La production a changé, nous avons des désaccords, c’est en stand-by pour le moment. Mais j’ai signé pour deux autres scénarios, une comédie et un film sur la vie de Philippe Croizon, le premier amputé des quatre membres à avoir traverser la Manche à la nage. Sinon, je continue « les grosses têtes » avec Laurent Ruquier sur RTL et la tournée de mon spectacle se poursuit en France. Des dates sont prévues en Espagne, au Canada,  en Afrique également. J’ai hâte. »

Vous n’avez bien sûr pas joué « vends deux pièces à Beyrouth » à Beyrouth ?
«Le Liban, on m’a proposé mais avec des conditions, impossible de jouer librement, j’ai refusé. J’irai dans les pays où on me laisse parler.»

Interview : Émilie RENCIEN

 http://www.le-petit-berrichon.com/





mercredi 19 octobre 2016

Sous son chapeau, Amélie Nothomb n’a pas la grosse tête


À Blois, la librairie indépendante Labbé n’en finit pas d’accueillir des personnalités et de faire le buzz. Après le comédien Fabrice Lucchini en mars, c’est la romancière belge qui était à son tour en dédicace dans ces murs six mois plus tard.
 
Le fan blésois Dominic Marquet avec Amélie Nothomb ... et du champagne !
© Émilie RENCIEN

Alors que la pluie commençait à tomber finement dans les rues du centre-ville de Blois et qu’à trente minutes de là, les maires se réunissaient en congrès à Mer, vendredi 30 septembre, Amélie Nothomb, vêtue de noir de la tête aux pieds,  buvait du champagne, mangeait le môme Manneken-Pis version chocolat blanc et parlait, parlait, parlait. La romancière bavarde est très proche de ses fans, a une attention pour chacun, s’intéresse tout en signant un petit mot sur le livre ou le carnet qu’on lui tend. Dans la file d’attente, il y a ceux qu’elle apprend à connaître, d’autres qu’elle reconnaît et également les fidèles avec lesquels elle entretient des liens étroits depuis des années. Comme le blésois Dominic Marquet, qui officie à la Maison de la magie. « Je la suis depuis cinq ans. Avec Amélie, on s’écrit régulièrement. On parle de littérature bien sûr mais aussi de tout et de rien. Je lui ai suggéré de venir dédicacer à Blois et elle a dit oui !» C’est ça, le style Nothomb. Sous son chapeau haut de forme, Amélie a aussi une mémoire incroyable. Il y a quelques années, la journaliste qui écrit ces lignes, alors étudiante à Paris, a eu pour mission de réaliser un reportage vidéo sur la romancière belge aux Galeries Lafayette. Et Amélie Nothomb n'a pas oublié cette fugace rencontre. « Vous étiez moins loquace à l’époque ! Et Marie, votre camarade ? Cela fait deux ans que nous avons perdu contact, et vous, avez-vous des nouvelles ? Ah, quelle émotion de vous revoir !» Après cette séquence souvenir, l’écrivaine a continué de discuter avec les uns et les autres jusqu’à 18h30, donnant des conseils « les gothiques ne vont pas au soleil, vous savez », « j’adore le champagne ! Oui les bières belges sont les meilleures », ou «le gris dans vos cheveux, c’est naturel ? Moi, je n’arrive pas encore à arrêter la teinture »), signant des mots d’excuse pour des élèves et mêmes des enseignants qui avaient fait le mur, ouvrant les cadeaux livresques de ses fans. «Je me souviendrai de mon premier jour dans le Loir-et-Cher. J’ai déjà visité Chambord, une splendeur. Le château de Cheverny ? Je ne connais pas. Je pourrai y faire une dédicace peut-être ? » Le message est passé ...

Émilie RENCIEN

 http://www.le-petit-blaisois.fr/

vendredi 14 octobre 2016

David Douillet ne collecte plus de pièces jaunes mais distribue bien des soutiens politiques


L’ancien judoka et ex-ministre des sports du Gouvernement Sarkozy était en déplacement dans la Vallée du Cher et en Sologne fin septembre. Des visites au programme et surtout, des réunions militantes.


Avec le maire Éric Carnat et le candidat Guillaume Peltier. Bien loin des tatamis...© Émilie RENCIEN

« Ne m’appelez pas Mr le ministre, je ne le suis plus. Appelez-moi David, c’est plus simple. » Arrivé à Saint-Aignan-sur-Cher en voiture allemande qu’il conduit lui-même, le député des Yvelines et ancien vice-président de la région Ile-de-France, qui fait la taille d’un géant, n’a pas la grosse tête. Il  a ainsi arpenté en toute simplicité les couloirs de l’hôpital saint-aignanais qui compte 513 emplois, saluant les pensionnaires et acceptant volontiers les séances photo avec le personnel féminin qui se pressait pour garder un souvenir de ce passage. « Vive le sport ! » lui a même gaiement exprimé une résidente. Sur place, l’opération des Pièces Jaunes a été évoquée : depuis 2011, l’établissement hospitalier de Saint-Aignan a bénéficié de 47.000 €, une somme qui a permis de réaliser différents projets et d’acquérir des équipements comme ce chariot qui permet d’apaiser les patients grâce à des lumières et des sons. « Je connais des hommes politiques anxieux qui en auraient besoin en ce moment… » s’est amusé David Douillet, avant de confier. «J’apprécie les remerciements mais les vrais héros, ce sont les gens qui font des dons. Et puis, je ne suis plus parrain de la fondation de Bernadette Chirac Hôpitaux de Paris - Hôpitaux de France depuis un bout de temps en fait. Depuis 2009 exactement. J’ai arrêté dès que j’ai démarré la politique pour ne pas mélanger les genres et ne pas dégrader l’image de la Fondation avec la politique où tous les coups sont permis. » 

Chasseur et président

En parlant justement de politique, le déplacement de David Douillet dans le Loir-et-Cher fin septembre n’était pas anodin. Pourquoi Saint-Aignan ? « Vous venez souvent visiter les hôpitaux de France et de Navarre comme ça ? » avons-nous interrogé de façon innocente (enfin, pas vraiment). « Non,» a répondu l’intéressé, en répétant. « Je ne suis plus parrain.» Alors, encore une fois, pourquoi ? Le maire de la commune, Éric Carnat, a nié toute motivation politicienne. « Je l’ai invité, il a dit oui. Ça n’a rien à voir avec les primaires ou le reste. Notre hôpital est le premier du canton et emploie beaucoup de personnes. » Après le domaine de la santé, en inaugurant la Maison des vins et la biscuiterie installées dans les anciens locaux de la Communauté de communes dans le centre-ville, le député a à son tour justifié sa présence, entre deux verres de vins et trois biscuits secs, en insistant sur l’importance de défendre les entreprises implantées sur les territoires.  Comme il a affirmé nous trouver « sympathique », nous avons poursuivi la conversation et nous lui avons encore demandé. « Vous pourriez obtenir un nouveau ministère dans un futur Gouvernement ? » David Douillet a argumenté sur le fait qu’il « n’attendait rien, ne demandait rien. »  « Vous savez, être ministre, c’est éphémère.» Durant cet échange qui s’est prolongé, il a en sus conseillé à la médaillée olympique handisport Marie-Amélie le Fur de « profiter de ses victoires » et il nous a également raconté qu’il connaît bien le coin. « Je chasse en Sologne. » Mais ce jour-là, il ne courrait pas après le même gibier qu’à l’accoutumée.  C’est plutôt sa tenue politique qu’il arborait une fois les visites à  Saint-Aignan terminées. Nous avons fini par savoir qu’à l’occasion d’un déjeuner non accessible à la presse dans l’un des hôtels du zoo de Beauval et d’une rencontre avec les militants en Sologne, il a officiellement dévoilé sa casquette de président d’honneur du comité de soutien du maire de Neung-sur-Beuvron et porte-parole des Républicains, Guillaume Peltier, pour les législatives. Un chasseur qui noie le poisson, c’est original.

Émilie RENCIEN

Paru aussi sur http://www.lepetitsolognot.fr/