mardi 29 décembre 2015

Il est né le divin enfant ... version 3.0

 
En cette fin d'année, ici et là, les conversations sont truffées de cadeaux, de bûche de Noël à la crème au beurre, d'étrennes... Et ne l'oublions pas, de naissance du petit Jésus. Mais d'autres accouchements, plus modernes, sont à annoncer : une nouvelle association a vu le jour à Blois avant la Nativité.


Une vie (numérique) en rose dans le Loir-et-Cher et ailleurs ©É.R.

 
 
Les chiffres sont là et parlent d'eux-mêmes : en 2014 (1), 16 % des employés étaient équipés d'un terminal connecté style smartphone (16% en moyenne dans l'Union Européenne), 25% des entreprises ont émis ou reçu des factures électroniques (27% en moyenne dans l'Union Européenne), 57% des entreprises avaient un site web (65% en moyenne dans l'Union Européenne). En 2014 toujours (2), 5 à 10% de salariés pratiquaient le télétravail en France (entre 20% et 35% dans les pays anglo-saxons et scandinaves). Le poids du e-commerce n'est en outre plus à démontrer : le secteur pèse 112.000 emplois en France en 2014 et 62 % des Français ont acheté en ligne cette même année (3). En sus, 29 % des Français ont déclaré privilégier le médium de communication Internet pour effectuer leurs démarches administratives.

Des acteurs qui se fédèrent autour du numérique

Les exemples sont nombreux et il serait possible de citer encore plus de données statistiques significatives en la matière. D'ailleurs, l'année 2015 fut une grande année pour le numérique selon le Conseil National du Numérique et un mouvement national, baptisé "French Tech", a été  lancé par l'État. Des déclinaisons régionales ont été repérées, comme celles-ci en Centre Val-de-Loire: French Tech Loire Valley, French Tech Orléans, Tours Tech, French Tech Eurélienne. Avec une petite dernière en date : LoiretCher Tech. L'association a poussé son premier cri le 17 décembre 2015 à Blois dans les murs de l'Hôtel du Département. "La transformation numérique constitue une révolution industrielle et un véritable potentiel de développement économique pour notre région," a confié Alexis Ménard, président de la nouvelle entité loi 1901 (qui, ça tombe bien, est consultant en transformation numérique des entreprises depuis 2014). "Les multiples initiatives, tant dans le tourisme que dans l'enseignement, l'industrie, l'agro-alimentaire, montrent qu'il était opportun de fédérer afin de créer une véritable dynamique."

Des vœux et des idées

Pour mener à bien le dit projet, une feuille de route et des souhaits dans la hotte : appuyer les entreprises numériques du Loir-et-Cher et faciliter la transformation digitale des autres, encourager la formation des compétences numériques et promouvoir l’économie numérique auprès des institutionnels et des acteurs économiques. Ou encore l'objectif affiché de favoriser le lien étudiants-entreprises : une pénurie d’informaticiens a par exemple été constatée sur le Loir-et-Cher et c'est un fait bien connu, la jeunesse quitte souvent ses racines locales. "Nous formons des jeunes mais ils s'en vont vers les sirènes parisiennes," a-t-il été souligné à Blois lors de l'assemblée générale constitutive de l'association nouvelle. "La connaissance mène à l'amour, donc..." Et puis, Oscar Wilde le disait si bien, "il faut toujours viser la lune car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles."

 
Émilie RENCIEN

(1) Étude de la Commission Européenne, en France.
(2) "Le télétravail : où en est-on en 2014 ?", octobre 2013, Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT).
(3) Enquête TIC de l'INSEE puis étude d'Eurostat. Et étude BVA "Les français et la confiance numérique" (juin 2014).
  


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vendredi 25 décembre 2015

Un cadeau modesque signé Jean-Marie Bataille

"Fashion Saturday" ... dans le Loir-et-Cher. Le styliste-créateur a créé l'évènement six jours avant Noël avec une nouvelle collection bicolore.

"Nous sommes des sœurs jumelles..." © Émilie RENCIEN


"En rouge et noir", chantait Jeanne Mas. "La vie en rose", encore pour Édith Piaf. À Montrichard, c'était plutôt une soirée en noir et blanc ! Le désormais bien connu styliste Jean-Marie Bataille, qui a été chef d'atelier pendant une vingtaine d'années pour les plus grandes maisons de couture parisiennes (Yves St-Laurent, Givenchy, Balenciaga, etc.) avant de s'installer dans le Loir-et-Cher (*) en 2011, a proposé samedi 19 décembre un défilé de mode, en quelque sorte un cadeau de Noël avant l'heure, sur la thématique du jour et de la nuit, dans les murs de l'Espace culturel montrichardais. Sur scène par conséquent, des silhouettes féminines (mais aussi masculines) composées avec des opposés qui s'attirent, des duos se répondant comme un écho, des looks construits sur le fil conducteur de la dualité : noir-blanc, long-court, sage-extravagant.
 
Quelques modèles masculins sur scène... © Émilie RENCIEN


Des dos-nus, un détail que le styliste affectionne © Émilie RENCIEN

 
Un petit air rétro
 
Deux séances avaient été programmées samedi 19 décembre à 19h30 puis 20h30 à Montrichard. Et bien que la date choisie fut donc très proche de celle de l'arrivée du gros bonhomme rouge dans les maisonnées, le public fut au rendez-vous. Pas une chaise libre sur les 300 installées et des flashs d'appareils photo qui crépitaient tous azimuts. Le show de Jean-Marie Bataille fut à la hauteur de l'engouement ressenti dans la salle ce soir-là : ouverture avec une sexy et féline modèle toute de cuir noir vêtue, à mi-chemin entre une James Bond Girl et une lady de la série culte "Chapeau melon et bottes de cuir", puis tenues très sixties, robes graphiques et combis-pantalons rayées, dos-nus sublimants et gracieuses mariées à faire pâlir les divinités grecques. En somme, un spectacle haut en couleur... bien qu'en noir et blanc.

La mode, ce n'est pas qu'à Paris. À Montrichard, Jean-Marie Bataille (en rouge et noir, lui, pour le coup)  au milieu de ses mannequins le 19 décembre
© Émilie RENCIEN


Émilie RENCIEN

(*) Outre un atelier et un showroom rue de Sully à Montrichard, le styliste a ouvert cette année une boutique rue Nationale. Les tenues du défilé du 19 décembre sont d'ailleurs actuellement disponibles dans cette dernière.

lundi 21 décembre 2015

Les bons mots de Bernard Pivot


Les souvenirs du bien connu "gratteur de têtes" ont été révélés sur scène mardi 8 décembre en Sologne. Morceaux choisis.

Un spectacle début décembre ... et un retour sur les bancs de l'école, calés dans les fauteuils moelleux de la Pyramide de Romorantin. Même sans stylo ni feuille de papier, les spectateurs solognots ont eu le privilège de pouvoir se confronter à l'exercice de la dictée, dictée justement par Bernard Pivot en personne. Le texte se voulait saupoudré d'homophones en "r", jugez plutôt : "dans un mois en r de l'an 2011 de notre ère, un pauvre hère erre sur une aire d'autoroute..." Quelques fautes plus tard, le fameux journaliste a réalisé un focus sur des mots et expressions de la langue française (par exemple, pourquoi quatre "l" à libellule et seulement trois pattes à hippopotame?), narré des épisodes audiovisuels vécus avec les nombreux invités qu'il a reçus à l'occasion de ses émissions "Apostrophes" et "Bouillon de culture", ou encore parlé des femmes et relaté sa timidité avec les filles qu'il emmenait adolescent dans un train fantôme pour les séduire et où officiait un homme qui "grattait les têtes" (c'est-à-dire passait sa main dans les chevelures pour effrayer leurs propriétaires). "Après ça, un jour, j'ai répondu, mon métier, c'est gratteur de têtes, c'est ma fonction à la TV", a confié le récitant.
 
Bernard Pivot face à son public à Romorantin (41) ©Émilie RENCIEN
 

Du vin et un miracle
 
Bernard Pivot a surtout raconté une truculente anecdote sur ses débuts dans le journalisme en démontrant que la vie est parfois pleine de surprises inattendues. Et pour cause :  de retour du service militaire, en 1958, le jeune Pivot, tenté de vivre de sa plume et d'ailleurs étudiant au CFJ (Centre de formation des journalistes) à Paris, visait le journal sportif l'"Équipe". Seul hic : il ne restait plus qu'une place comme stagiaire au Figaro Littéraire. Bernard Pivot s'est néanmoins présenté à l'entretien mais au fil des questions qui lui étaient soumises sur tel et tel livre (qu'il n'avait bien sûr pas lu), le candidat a senti l'opportunité s'échapper. Avant que le vent ne tourne au moment où le directeur de la rédaction a su que les parents de l'éventuelle recrue assise face à lui possédaient une maison et surtout un vignoble à Quincié-en-Beaujolais, dans le Rhône. "C'est le miracle du Beaujolais qui fit de moi un journaliste littéraire," a confirmé l'intéressé. Tout de même, quel talent !

mercredi 16 décembre 2015

Quand vous dînez à Valençay, vous sauvez le monde !


Alors que la COP21 a réuni pléthore de chefs d’États du monde entier, à Paris du 30 novembre au 11 décembre, au chevet de la planète et du climat, un tournage sur la diplomatie culinaire a eu lieu au Château de Talleyrand vendredi 4 décembre.
 
Le chef Bernard Vaussion et Stéphane Lopez à Valençay
 Une assiette que la rédaction n'a pas manqué de goûter... © Émilie RENCIEN
 
 "Un dîner pour sauver le monde". C’est le titre, volontairement provocateur, d’un film-documentaire de 52 minutes, soutenu par l’ONU et actuellement en cours de réalisation par la société Magnificat Films. Une partie de cette œuvre audiovisuelle a été tournée au Château de Valençay vendredi 4 décembre et à cette occasion, un repas citoyen a été organisé à 19h sur place. Autour de la table, une centaine de participants, pour la plupart des habitants de la commune indrienne. « J’ai cuisiné tout l’après-midi, » a confié ce soir-là Corinne, venue avec sa fille de 13 ans, Pamela. « Une galette à la citrouille, du riz cuit au court-bouillon avec courgettes, aubergines et poireaux finement émincés, du pain perdu aussi avec raisins de Corinthe et oranges. » Oui car le principe de ce dîner gratuit et participatif filmé voulait que chaque convive apporte des victuailles à partager avec son voisin (ou sa voisine) en suivant une règle bien précise, à savoir un plat unique autour du riz, des légumes et des légumineuses ainsi qu’un dessert de type pain perdu avec des fruits de saison. Cela n’a empêché de trouver sur les tables des quiches, des œufs, bien sûr des lentilles du Berry, du vin de Valençay évidemment, et oups, quelques crevettes… Peu importe. À la fin de la soirée, tout le monde est reparti le sourire aux lèvres et le baume au cœur. Pas de chair animale et de recettes carnées (ou presque…) au bout des couverts et pourtant, des saveurs, des couleurs, du goût et du plaisir. « C’était bien, très bien ! » ont confirmé Micheline et Monique. «L’absence de viande ? Ça ne nous a pas posé souci. Et nous avons vécu un bon moment de partage.»
 
Un menu végétarien le 4 décembre ! © Émilie RENCIEN
 
Une projection annoncée pour la COP 22

En bref, le dîner-documentaire à Valençay fut une jolie parenthèse dans ce monde de brutes qui a prouvé que les choses les plus simples sont finalement les meilleures. Une cerise sur le gâteau, vendredi 4 décembre : le grand chef français originaire d’Orléans, Bernard Vaussion, qui a oeuvré quarante ans dans les cuisines du Palais de l’Élysée et a servi pas moins de cinq présidents de la Ve République (Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande), était derrière les fourneaux, épaulé dans sa tâche par le cuisinier et pâtissier de Romorantin Stéphane Lopez (« La Malle Gourmande ») et le chef Éric Souverain, à la tête de l’Auberge de la Tour à Châtillon-sur-Indre. En somme, trois « Antonin Carême » (1) modernes pour une soirée berrichonne d’exception ! Le menu ce soir-là était donc végétarien (ou quasi), insufflé par le Club des Chefs des chefs et plus particulièrement Christian Garcia, président du dit groupe et chef du Palais princier de Monaco, sorte de « G20 » de la gastronomie. « Le riz et le pain sont adaptables à tous les pays, » a souligné Bernard Vaussion. « De plus, faciles pour concocter des recettes. » «Ce dîner convivial et porteur de sens à Valençay est le premier d’une longue série, » a expliqué à son tour Jean-Pierre Stéphan, co-réalisateur accompagné de Noël Balen et Amaury Voslion, auteurs-réalisateurs. «Ce dîner est un symbole et un geste citoyen. En 2030-50, nous serons neuf milliards d’êtres humains sur cette Terre.  Alors, où aller chercher une nourriture qui doit être bonne, saine et suffisante ? L’idée d’un tel documentaire en 2015 est de susciter une prise de conscience collective sur nos habitudes alimentaires. Il s’agit de dire à nos politiques qu’avec le dérèglement climatique, ce que nous avons dans nos assiettes aujourd’hui, nous ne l’aurons pas forcément demain. L’idée n’est pas forcément de délaisser la viande mais d’en manger moins souvent ; il faut être davantage locavore, consommer des produits frais, de proximité, de saison et éviter de gaspiller.» Après Valençay, d’autres séquences vont été captées à travers le monde entier, en Haïti, Thaïlande, Inde, à Tokyo, Monaco, etc. Encore une fois, si le début du tournage s’est déroulé au moment où se tenait la COP 21 à Paris, la diffusion, elle, devrait avoir lieu l’année prochaine lors de la COP 22 à Marrakech (2). Soit une belle façon de boucler la boucle.

Émilie RENCIEN

(*) Le fameux pâtissier chef français, notamment connu pour ses pièces montées et engagé par le Prince de Talleyrand à Valençay au XIXe siècle.

(2) Avant une exploitation sur les chaînes TV françaises et étrangères ainsi que des projections annoncées dans des salles de l’ONU.

 
L’Amérique aime le fromage et l’Allemagne la cuisine française
En parlant de bonne chère et de politique, à Valençay, vendredi 4 décembre, Bernard Vaussion  a raconté qu’un petit incident diplomatique avec Barack Obama  aurait pu survenir lors du 70e anniversaire du Débarquement à cause … d’un morceau de fromage ! Cette partie  du menu avait été supprimée en raison d’un timing serré (François Hollande recevait en effet Vladimir Poutine à l’Élysée ensuite). Dans le restaurant étoilé de Guy Savoy, le Chiberta à Paris, ce mois de juin 2014, le président américain s’est ainsi étonné de cette absence, un plateau est toutefois rapidement arrivé pour satisfaire son appétit, plus de peur de que de mal donc. Quant à la chancelière allemande Angela Merkel, « elle aime bien la cuisine française, » a ajouté l’ancien chef des cuisines élyséennes. « Elle est toujours de bonne humeur quand elle vient dîner ou déjeuner à Paris, ça facilite les négociations ! »
    É.R.

mardi 15 décembre 2015

Quilles, boules... Ça strike !



Il n'y a pas que la chasse en Sologne :  le bowling-brasserie-restaurant « le Sabulonia» a ouvert ses portes à la place de l’ancien Décathlon sur l’Avenue de Paris, à Romorantin (41). Il n’y a donc plus d’articles de sport à vendre sur place mais la nouvelle enseigne incite tout de même à bouger son corps.
 
Huit pistes au total © Émilie RENCIEN
 

Une architecture moderne, des écrans rétro-éclairés au-dessus des pistes, des fauteuils de couleur rouge et cosy… C’est un fait : le bowling de Romorantin a de la gueule. Impossible de manquer par exemple l’immense et superbe fresque « Romorantin, capitale de la Sologne », installée en arrière-plan des huit pistes de bowling. « Les travaux ont démarré à la fin du mois de juillet 2015, » a rappelé l’architecte romorantinais, Daniel Boitte, propriétaire des lieux. « À partir de ce jour (le 11 décembre, ndrl), avec mon directeur, Michaël Legleux qui a œuvré à la tête de nombreux restaurants de Monsieur Marion, célèbre restaurateur parisien, nous allons ouvrir au public cet établissement de plus de 2.000 m², 7 jours sur 7, de 7 heures à 1 heure du matin. Il se compose de : 3 salles polyvalentes d’une surface totale de 300 m² modulable pour des séminaires, repas dansants, soirées à thème, etc. ; un bowling de 8 pistes très convivial à retour rapide ; un espace brasserie de 50 places, un espace restauration de 50 places avec des produits frais de qualité et un bar. » Mais aussi un coin jeux d’arcade de 220 m² avec un volume ludique pour les enfants et une salle de billard professionnel de 400 m² ; deux salles de réunion et un espace privatif avec 3 bureaux ; une cuisine de plus de 100 m² pour élaborer des produits frais, de préférence français, et un Drive couplé à la fabrication offrant des plats traditionnelles frais.  Et ce n’est pas fini : au début de l’année prochaine, un espace de jeu laser de 450 m², avec une salle de formation de 26 m², est annoncé. Vingt-quatre salariés accueillent d’ores et déjà le consommateur qui pénètre dans le « Sabulonia » (*).

Un jeu de boules qui roulent … dans la langue de Shakespeare

Mais sinon, au fait, avant d’enfiler vos chaussures spéciales, connaissez-vous le langage « bowling » (à défaut de parler le solognot) ? Savez-vous par exemple ce qu’est une « belle-mère » ou une « pucelle » ? Pour la première, c’est tout simplement une expression pour désigner la quille cachée derrière les autres, tandis que pour la seconde, on parle plutôt de deux quilles disposées sur la même ligne et dont l'écart permet à la boule de passer juste entre elles. Sinon, à Romorantin, une fois devant les pistes, après ou avant avoir siroté un cocktail et essayé le baby-foot, vous pourrez « striker à la grecque» (soit faire tomber les quilles de devant avec celles de derrière), « éviter le chou-fleur » (un strike raté) au profit d’un « turkey » (3 strikes d’affilée), réaliser un « back-up » (une rotation inversée de la boule pendant le lancer) ou un « wash-out» (figure avec laquelle il reste la « headpin », la quille numéro 1, avec une ou plusieurs autres très écartées). Alors, « ready » (ou prêts si vous préférez) ?

Émilie RENCIEN
 
(*) C'est ainsi que la Sologne s'appelait autrefois. Du latin sabulum, le sable.

samedi 5 décembre 2015

Stéphane Rousseau, super héros du rire

L'artiste québécois a posé ses valises en Sologne mercredi 25 novembre. De l'humour, de l'humour, et rien que ça. Pour changer.

"Ce soir, au moins, on va rire." Impossible de pas sentir que les spectateurs, venus en nombre ce 25 novembre 2015, installés confortablement dans les fauteuils rouges de la salle culturelle de la Pyramide à Romorantin, avaient besoin d'une parenthèse joyeuse. La présence visible de deux gendarmes et trois agents de sécurité privée, à l'extérieur pour contrôler les sacs et à l'intérieur des deux côtés de la scène, rappelait toutefois les évènements dramatiques parisiens récents. "Les gens sont agressifs avec l'austérité, tout ça. Je suis con mais il y a en ce moment une bande de crétins, ils se sont multipliés entre eux," a glissé Stéphane Rousseau au milieu de son show en Sologne. "Il faut rester fort, rester debout. Continuer à sourire, à rire... Et à vivre."
 
Stéphane Rousseau, le 25 novembre à Romorantin. ©Émilie RENCIEN
 
Le feu sous la glace
 
En dépit d'une actualité donc peu réjouissante, Stéphane Rousseau a bien réussi ce soir-là à "briser la glace" (le titre de son spectacle, ndrl). Une heure trente de vannes qui ont fait mouche, entrecoupées de moments musicaux live grâce au duo qui accompagnait l'artiste sur les planches, une batteuse à la chevelure platine-lissée et un pianiste à lunettes roux-barbu. Quatre-vingt dix minutes pendant lesquelles le comique a gaiement narré des situations que tout un chacun a déjà vécu au moins une fois dans son existence : le temps qui passe, les meilleurs façons à trouver pour se comporter avec sa progéniture, la rupture amoureuse, les beuveries entre potes et la drague dans les bars quand on est célibataire, etc. "Je suis vieux mais beau gosse," a énuméré Stéphane Rousseau. "Je suis égocentrique, cynique, narcissique, paresseux, alcoolique, fainéant, macho et un peu princesse..." Que nenni. La gent féminine n'a pu résister au sex-appeal de l'humoriste de 49 ans, "signe astro Vierge." Une spectatrice privilégiée a d'ailleurs été invitée à s'asseoir sur un tabouret haut et à partager un moment les yeux dans les yeux avec le séduisant quadra venu du froid. "J'ai des qualités de merde," a encore chanté Stéphane Rousseau qui a paqueté ses petits (*), une cape noire nouée autour du cou, le poing levé en signe de résistance. De toute façon, personne n'est parfait...même les super-héros qui n'ont que pour arme un humour en rafale qui, lui, fait du bien.
 
Émilie RENCIEN
 
(*) En québécois : faire ses valises, ramasser ses affaires avant un départ imminent, s'en aller.

Deux colombes pour deux soeurs


Les obsèques d’Anna et Marion Pétard-Lieffrig, deux sœurs de 27 et 24 ans originaires de Monthou-sur-Bièvre, touchées par les balles des terroristes à la terrasse du Carillon à Paris vendredi 13 novembre, ont eu lieu lundi 23 novembre à la cathédrale Saint-Louis de Blois.

 
Bougies et fleurs en bas des marches Denis-Papin à Blois.©Émilie RENCIEN


 

Pas toujours facile de vraiment réaliser ce qui est arrivé mais à la vue des deux cercueils blancs le 23 novembre, la réalité, effroyable, indicible, est devenue tangible. Je ne les connaissais pas mais Anna et Marion étaient des jeunes femmes quasiment de mon âge, tuées par des jeunes de notre âge. À leur place, ça aurait pu être moi, toi, n’importe qui. Sur les photos installées dans la cathédrale lors des funérailles ou encore celles apposées en bas des marches Denis-Papin, une chose saute aux yeux : souvent ensemble devant l’objectif, ces deux sœurs étaient toujours souriantes, peu importe la pose. Elles croquaient la vie à pleines dents. "Jésus lui-même nous dit : « ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent rien faire de plus. »  Ne craignez pas… Pourtant, ceux qui tuent le corps nous font peur : dans notre pays, inutile de nous le cacher, nous avons peur, » a exprimé Monseigneur Batut, l’évêque de Blois, dans une touchante homélie. « Quelqu’un m’a dit : « je suis venu parce que je voudrais qu’Anna et Marion ne soient pas mortes pour rien. » Si nous repartons d’ici tout à l’heure bien décidés à ne pas laisser se perdre notre âme, je pense qu’Anna et Marion ne seront pas mortes pour rien. Si nous en repartons en souhaitant aux bourreaux de retrouver leur âme, elles ne seront pas mortes pour rien. » Anna et Marion Pétard-Lieffrig, ainsi que les 128 autres victimes des odieux crimes perpétrés le 13 novembre 2015. Dix jours après cet horrible épisode français sanglant, deux colombes blanches ont été lâchées dans le ciel à Blois sur le parvis de la cathédrale, au-dessus des corps sans vie des deux soeurs. L’un des volatiles blancs s’est longuement attardé au sol puis sur un panneau de chantier le long de l’édifice religieux, tandis qu’un rayon de soleil est subitement apparu en fin de cérémonie. Un signe peut-être et un message sans aucun doute : plutôt que de céder à l’effroi et se replier sur soi, vivez à 200% pour celles et ceux auxquels on a soudainement et injustement ôté cette chance.


Émilie RENCIEN