Projet de loi du travail El-Khomri, abandon de la réforme
constitutionnelle et de la déchéance de nationalité… Ces derniers temps, le
Premier ministre aurait bien besoin de se mettre au vert. Justement, il a réalisé
cette pause, au sens propre, en visitant le Domaine de Chaumont-sur-Loire et
ses espaces naturels vendredi 1er avril, à l’occasion de l’ouverture
sur place de la huitième saison d’expositions d’art contemporain.
Dans les murs, sans stress... Puis au jardin. Et ça donne ça... De loin car une partie de la presse n'a pas été conviée à cette partie de la balade au grand air.. PHOTOS © Émilie RENCIEN
Il était espéré dans la Vallée du
Cher, au zoo-parc de Beauval. Finalement, Manuel Valls aura choisi la quiétude
du jardin plutôt que la savane africaine. « C’est une divine
surprise !» a exprimé de façon enjouée Chantal Colleu-Dumond, la
directrice du Domaine et du Festival de Chaumont-sur-Loire, pendant que les
hippopotames de Saint-Aignan-sur-Cher nageaient sans d’innombrables flashs et
des « gorilles » devant les vitres de leur bassin éléphantesque.
Durant à peine deux heures, le Premier ministre, les traits tirés et l’air
soucieux, laissant tout de même parfois échapper un petit sourire, a donc effectué
une promenade de santé au soleil dans le Blaisois et a pris un vrai bol d’air
le jour de l’anniversaire de ses deux ans à Matignon, circulant entre des
fleurs, des pelouses bien vertes, des arbres majestueux, des vitraux
exceptionnels, un œuf de Pâques géant en ardoise, des sculptures en bois
noircies au feu et des matériaux de rebut. Les mains enfoncées dans les poches
de son pantalon de costume-cravate de couleur sombre, Manuel Valls, accompagné
de la nouvelle ministre de la culture, la discrète et ordinaire Audrey Azoulay, s’est volontiers dégourdi les guiboles, avant
de continuer de se promener, cette fois uniquement grâce à son regard fixé au
loin sur la Loire s’écoulant paisiblement au pied du Château de Chaumont, le
temps des discours officiels. Puis il est à son tour monté à la tribune (ou
plutôt sur l’estrade) un peu avant 18 heures, pour une allocution de treize
minutes et vingt-quatre secondes, montre en main. Il a insisté et répété à
moult reprises la possibilité grâce aux politiques culturelles d’ «ouvrir des
perspectives» (aux artistes, dans les quartiers, etc.), faisant déjà résonner
dans tous les esprits présents ce jour-là la réalité citée plus bas. «La
culture, c’est la sève de la vie. L’espérance, ce sont les artistes qui la
créent. L’art, c’est ce qui échappe aux catégories, c’est ce qui refuse
l’étiquette, un mal si français, le cloisonnement, la limite fixée et qui va
au-delà. (…) Nous devons sans cesse bâtir, créer, innover, faire tomber des
barrières, oser, aimer la confrontation. C’est le remède contre le repli,
la défiance, la peur de l’autre. C’est aussi le ciment de notre unité. Bâtir,
créer, innover. C’est aussi une réponse magistrale à tous ces obscurantismes
qui veulent détruire et qui, de Palmyre à Tomboctou, ont voulu saccager le
patrimoine de l’Humanité, enfermer les consciences et pour le dire
différemment, bannir l’universel. Et, à sa manière, cette saison d’art (à
Chaumont) apporte sa pierre à l’édifice.»
Le Premier Ministre Manuel Valls, accueilli par le gratin local. Avec la ministre de la culture Audrey Azoulay, la directrice du Domaine
Chantal Colleu-Dumond et les artistes ensuite. Avant de finir (presque) les yeux dans les
yeux avec le président de la Région, François Bonneau. PHOTOS © Émilie RENCIEN
Exit les hippos ?
Toujours dans un style
décontracté, emplissant ses poumons de l’air pur loir-et-chérien un ultime
instant, Manuel Valls a à nouveau foulé le chemin emprunté à son arrivée, mais
dans le sens inverse, pour grimper dans l’un des vans noirs d’un long cortège
motorisé et se poser sur des sièges confortables entre des dossiers et des
pochettes estampillées au nom de marques de luxe. Et c’est là que le rideau (la
porte) se ferme et que le spectacle est terminé ; chacun rentre chez soi,
à Paris ou ailleurs. En tout cas, pour la famille Delord qui espérait ce
mois-ci accueillir cette personnalité ministérielle en particulier pour
l’inauguration de sa nouvelle zone africaine, ça semble raté. Le 1er
avril, le Premier Ministre a effectué un tour de manège régional, s’arrêtant
dans l’Eure-et-Loir et le Loir-et-Cher, en passant par le Loiret … et en
oubliant Beauval. Il est par conséquent peu probable que l’intéressé revienne
de sitôt dans le coin juste pour découvrir la jolie frimousse des hippopotames
Kiwi et Kvido. Mais qui sait ? Manuel Valls a révélé la proposition du président
de la Région, François Bonneau : «il m’a invité pour d’autres rendez-vous,
ici, dans quelques mois pour poursuivre ma quête de mon amour pour cette région
Centre-Val de Loire.» Alors, en dépit d’un regard français que le représentant
du Gouvernement a qualifié de «toujours
pessimiste et déprimé», l’espoir est peut-être permis ? Surtout quand on
se souvient que c’est notamment grâce à François Bonneau qu’un autre François,
le Président de la République Hollande, s’est décidé en septembre 2015 à venir
voir les pandas Huan Huan et Yuan Zi manger du bambou…
Émilie RENCIEN
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