Romorantin-Blois. En août 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait déjà emprunté cette route et marqué ces deux étapes. Moins de trois ans plus tard, dans le même rôle sur le même trajet, Bernard Cazeneuve.
Un ministre bien entouré à Romorantin © Émilie RENCIEN |
Sur les chapeaux de roue entre
15h et 18h. C’est devenu une habitude pour les déplacements des membres du
Gouvernement. Celui de Bernard Cazeneuve n’a pas échappé à la règle jeudi 21
janvier. Arrivé à Romorantin avec vingt minutes de retard (rattrapé par la suite), le ministre de
l’Intérieur a visité au pas de course la Maison de l’État solognote, place du
Château. Une nouvelle construction ? Que nenni. Les locaux déjà existants de la sous-préfecture et de l’ex
tribunal d’instance ont été rebaptisés du fait qu’ils abritent depuis la fin de
l’année 2015 plusieurs services étatiques, à savoir la sous-préfecture donc,
ainsi que la Direction départementale des territoires (antenne territoriale
Sud), la Direction des services départementaux de l’Éducation Nationale
(circonscription romorantinaise), le Service territorial éducatif de milieu
ouvert et d’insertion de la protection judiciaire de la jeunesse et le Service
départemental de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. «Nous
avons avancé au même rythme que la Maison de l’État de Vendôme. Nous avons
accueilli nos nouveaux services à peu près en même temps, c’est-à-dire en
décembre 2015, » a précisé le sous-préfet en place, Emmanuel Moulard. « À
Romorantin, désormais, nous sommes entre 28 et 30 fonctionnaires, dont dix côté
sous-préfecture. »
Une plaque dévoilée en Sologne © Émilie RENCIEN |
Des vœux et des objectifs
Ni une ni deux. À 16 h et moins
de cinq minutes, le cortège automobile s’élançait déjà sur la route, direction
Blois pour une deuxième visite, cette fois de la préfecture. Pas de discours à
Romorantin (excepté les messes basses avec des élus de droite et de gauche dans
les couloirs), laissant un peu sur sa faim la presse locale qui a toutefois eu
droit à une poignée de minutes d’interview à quelques marches de la voiture
ministérielle, moteur en marche. «Je suis venu ici car vous savez que je
souhaite que l’État soit plus présent sur le territoire national, plus présent
en milieu rural. C’est important dans le contexte particulier que traverse
notre pays, y compris en raison de la menace terroriste, que de voir l’État,
les préfets, ceux qui incarnent l’autorité, présent sur le territoire
national, » a exprimé Bernard Cazeneuve, très élégant, arborant une
pochette blanche de costume. « Il est important aussi que les Communautés
de communes, et notamment rurales, puissent avoir des interlocuteurs qui les
accompagnent dans leurs projets. Il faut que dans les Maisons de l’État, il y
ait des équipes d’ingénierie, des acteurs de l’État qui puissent être de
véritables interlocuteurs quotidiens des collectivités locales qui parfois,
pour mener à bien leurs projets, sont confrontées à des problèmes juridiques,
du droit de l’’environnement, financiers, ou alors encore qui ont besoin
d’avoir accès à des programmes de financements européens ou nationaux, et les
sous-préfectures et les Maisons de l’État sont là pour cela. Il faut le
faire avec le souci de l’efficacité, c’est-à-dire de la mutualisation, de
l’économie, de la modernisation. (…) Ici, plusieurs administrations travaillent
ensemble et créent les conditions de mutualisation.»
Avec le préfet à Blois. Le style Cazeneuve © Émilie RENCIEN |
Donner et vouloir, c'est pouvoir
Des fusions, des rapprochements,
des regroupements de services… Une nouvelle distribution qui signerait à terme
la fermeture des sous-préfectures tant redoutée ? Bernard Cazeneuve a démenti à sa façon. «Je
suis le ministre de la sécurité et aussi celui des préfectures et des
sous-préfectures. Dans mon cœur, dans mon esprit, les personnels des
préfectures et sous-préfectures sont des personnels non pas à part dans les
ministères mais à part entière. Nous
souhaitons donner davantage de moyens à l’État pour être présent dans les
territoires et pour la première fois, depuis de nombreuses années, nous
recréons en 2016 et 2017 des emplois dans les préfectures et sous-préfectures
alors qu’ils en perdaient près de 800 par an. La modernisation et la
rationalisation économique, ça va ensemble.» Grâce à son plan « préfectures
nouvelle génération » présenté le 21 janvier à Blois dans les salons la
préfecture à Blois sous forme de vœux aux personnels préfectoraux et
sous-préfectoraux., le ministre de
l’Intérieur a même manifesté sa farouche volonté d’en finir avec « une
logique du rabot et de mutualiser les services sans supprimer des emplois » via
le point final qu’il envisage de mettre à la Révision générale des politiques
publiques (RGPP) impulsée sous l’ère Sarkozy. Il a affirmé vouloir « dire
les choses aux Français face à un niveau de menace terroriste très élevé »
avec « sans doute d’autres épreuves en Europe », vouloir donc « un
État fort dans un contexte particulier pour la République, donner « des moyens
considérables aux forces de sécurités avec 500 emplois de plus par an »,
donner en outre « un peu plus aux agents et redonner du pouvoir aux
préfets sans pour autant renforcer des féodalités territoriales, non par jacobinisme,
même si je le suis, non pour reprendre des paroisses aux collectivités
locales » mais, répétant, « la France, la République, a besoin d’un
État fort et départemental.» Cerise sur la galette de début d’année,
Bernard Cazeneuve a révélé l’accord donné pour l’engagement de travaux pour la
sortie de terre d’une nouvelle caserne de gendarmerie à Lamotte-Beuvron,
remplaçant l’actuelle qui date des années 1960. Le budget de l’opération n’est
pas encore connu mais le déménagement, maintes fois abordé notamment lors de la
visite, encore une fois, du Président de la République Nicolas Sarkozy en 2010, est bien confirmé pour cette année 2016. « Je
signerai l’accord dans les semaines qui viennent.» Outre ces annonces, de ce
déplacement, on retiendra le style
Bernard Cazeneuve, calme et posé. Un air de flegme britannique. Le sénateur
maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux, a d’ailleurs souligné le caractère «
conciliant » du dit ministre et salué son « sang-froid » face aux récents et
tragiques évènements.
Émilie RENCIEN
(Paru dans le Petit Solognot et le Petit Blaisois, janvier-février 2016)
(Paru dans le Petit Solognot et le Petit Blaisois, janvier-février 2016)
Romorantin-Blois, 15h-18h. Un timing serré sur la route, surtout pour les journalistes qui respectent le code de la route...© Émilie RENCIEN
Petites phrases
Un ministre, amoureux des animaux, sans
plus : « Ah oui, François Hollande m’avait raconté sa visite en
septembre 2015 au zoo de Beauval. Il y a eu une naissance non, un
panda ? »
Chasseur ? Non plus : « On
m’a dit qu’il fallait attendre six mois avant de consommer un cuissot de
sanglier… »
Mais une
âme gaulliste ! :
Après avoir lu les Mémoires de guerre du général De Gaulle, « je me suis
découvert gaulliste... À 52 ans,
c’est un peu tard… »
É.R.
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