À Cheverny, la famille de Vibraye avait mis les petits plats dans les grands samedi
3 décembre. La féérie fut au rendez-vous, ce n’était pas encore Noël et
pourtant, la soirée fut un présent à part entière.
L’hiver n’a pas encore sonné sur
le calendrier mais la nuit tombe en cette morne saison tôt sur les maisonnées,
rebutant parfois les uns et les autres à s’extirper d’un cocon chauffé. Samedi
3 décembre, personne n’a regretté d’avoir sorti son nez et bougé ses guiboles
direction Cheverny. Sur un ciel sans étoiles, le château qui a inspiré
Moulinsart à Hergé se détachait avec sa façade colorée passant d’un bleu éclatant
à un vert enthousiasmant, en n’oubliant pas un rouge saisissant. Sur le chemin,
des photophores gris et ronds à la flamme vacillante sous un léger vent
guidaient les pas des visiteurs nocturnes jusqu’au perron où ont résonné, dans
la pénombre éclairée par une crèche géante et des décorations magiques, les
trompes de chasse, de Cheverny évidemment, réveillées par le souffle rythmé de
sonneurs masculins et féminins vêtus de rouge. De quoi retrouver son âme
d’enfant à l’approche des fêtes de fin d’année ! Et renouer avec
l’insouciance. Ce fut d’ailleurs le leitmotiv de cette soirée cheverniesque. «Nous
travaillons sur des solutions pour permettre de retrouver le chemin de
l’insouciance et pour redonner la liberté de faire, » a martelé le Dr
Saïd Bekka, installé à Chartres. Un médecin parmi les convives ? Oui,
cette nuit du 3 décembre, bien que marquée par la présence de nombreuses personnalités,
n’était pas un rendez-vous de paraître mais bien d’êtres. L’évènement inédit a en
effet célébré les soixante ans de l’association parisienne d’aide aux jeunes
diabétiques, gratifiés par un chèque de 34.254 € de dons récoltés à cette
occasion, et a surtout offert l’opportunité d’expliciter une maladie souvent
confondue avec d’autres symptômes apparentés. «Le diabète de l’enfant est mal
connu, » a confirmé le Dr Bekka. « On compte 20.000 jeunes touchés
par un diabète de type I contre 3 millions de Français concernés par un type
II. » Dans le détail, le premier apparait chez les sujets donc jeunes,
causé par la destruction et la disparition des cellules bêta du pancréas, alors
que le second survient chez les personnes âgés de plus de 40 ans, généralement favorisé
par un surpoids une alimentation riche
et un manque d’activité physique.
Entre hommes à Cheverny © Émilie RENCIEN
Un tsunami d’émotions
Du côté des statistiques, le
diabète de type I s’avère de nos jours deux fois plus fréquent qu’il y a vingt
ans. Prédispositions génétiques ? Facteur environnemental ?
Virus ? La science s’avère encore indécise. Quoiqu’il en soit, la
pathologie est handicapante au quotidien et pas seulement du fait de piqûres
répétitives sur le bout des doigts pour mesurer son taux glycémique. Obligation de renouveler son permis de
conduire tous les cinq ans, temps compensatoire pas toujours accordé lors des
examens, facilités moindres pour contracter un prêt bancaire, etc. Autant de
joyeusetés sur un chemin déjà bien encombré. Les enfants du marquis et de la
marquise de Cheverny, Eugénie, Isaure et Maximilien, sont atteints de ce
trouble sucré qui coule dans leurs veines. «Le diabète, nuit et jour, leur
rappelle qu’il est là,» a expliqué Constance de Vibraye. « Une balade à cheval, une partie de
tennis, une ascension au Mont St-Michel, des courses au supermarché, un
apéritif entre amis, un examen ou un concours. Rien de tout cela ne peut
s’improviser, tout doit se programmer et être accepter.» Des innovations
sont dans les cartons pour réduire les contraintes et les douleurs ; le
lecteur de glycémie FreeStyle Libre constitue un premier pas mais il demeure
non remboursé par la Sécurité Sociale. En attendant le progrès et les prises de
conscience, le dîner caritatif du 3 décembre à Cheverny, qui a rassemblé 290
convives (2) dans l’Orangerie, a réussi son pari de faire oublier les tracas du
quotidien le temps de quelques heures grâce à un parterre formidablement
pailleté. Autour des tables dressées avec goût, des noms connus : le
journaliste Vincent Ferniot, actuel présentateur de l’émission « Midi En
France » sur France 3 ; l’ancienne miss Météo de Canal+, Louise
Bourgouin, devenue actrice ; l’animateur et producteur Jérôme Pitorin, qui s’est extirpé de la « Nouvelle
Star » de M6 pour vivre des « échappées belles» sur France 5 ;
l’écrivain plein d‘esprit Franck Ferrand dont la voix officie en ce moment sur
Europe 1 pour des chroniques « au cœur de l’histoire »… La musique
fut également bonne avec une « foule sentimentale » entre la poire et
le fromage, lancée par Alain Souchon et ses deux fils, Pierre et Charles dit
« Ours », accompagnés de Philippe Lavil qui « tape sur des
bambous ». Laurent Voulzy, dont le nom était annoncé sur les cartons
d’invitation, s’est désisté après un malencontreux accident domestique. «J’ai
descendu plus vite que prévu un vilain escalier, » a raconté le chanteur
immobilisé dans un message enregistré diffusé. « Malgré mon absence
physique et des regrets, mon cœur a des ailes et il est avec vous. » Après
le concert, Alain Souchon, venu en voisin avec son épouse Françoise (2), n’a
pas hésité à converser avec nous en plaisantant, avant deux bouchées du dessert
dont il n’a pas manqué de se resservir. « Ma copine au collège de
Romorantin ? Ah oui, je m’en souviens mais le problème, c’était que
j’étais amoureux mais pas elle, ça arrive souvent ! » Le mot de la
fin est revenu au marquis Charles-Antoine de Vibraye. « J’ai ressenti une
vague d’émotions provoqué par un tsunami. » La formule a parfaitement
résumé le moment vécu, et même si ces propos s’adressaient de prime abord à son
épouse, ils n’ont pas manqué de faire briller les yeux de leurs trois
progénitures à l’avenir souriant à l’image du château de Cheverny sublimé passé
minuit par un feu d‘artifice réchauffant les coeurs.
Émilie RENCIEN
Cadeau avant Noël © Émilie RENCIEN
(1) Les tables ont toutes été
réservées en l’espace de deux heures. Une liste d’attente a été créée mais la
date était complète ; quelques chanceux ont pu voir leur demande aboutir
après des désistements. « Nous aurions pu être 1.000 ! » a constaté
Constance de Vibraye. Les invités privilégiés ont, eux, pu participer à une
tombola et gagner de nombreux lots (vase, magnum, etc.), toujours au profit de
l’association des jeunes diabétiques.
(2) Après avoir acquis le Château
de Chémery qu’il a cédé et qui appartient aujourd’hui à l’architecte Axel
Fontaine, l’artiste qui habite à Paris possède une maison du côté de Cheverny.
Paru sur http://www.lepetitsolognot.fr/pleiade-de-stars-au-chateau-pour-la-bonne-cause/
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