L’ancien chef de l’État entend bien prendre sa revanche sur François
Hollande. La campagne du candidat à la primaire de la droite et du centre bat
son plein, notamment dans le monde rural comme dans le Loir-et-Cher jeudi 8
septembre.
Plus de cinq heures passées à
Vendôme. Il fallait au moins ça pour serrer des mains, prendre des selfies,
dédicacer des livres et convaincre les esprits encore indécis. Et surtout, une
nouvelle fois, revenir sur le devant de la scène pour parler aux Français d’en
bas. Nicolas Sarkozy a ainsi affirmé souhaiter « être le porte-parole de
la majorité silencieuse qui n’en peut plus» et vouloir « répondre à
l’angoisse de la population des campagnes», évoquant les villes et « deux
poids, deux mesures ». Il a aussi ouvert son cœur débordant d’amour, le
répétant pendant toute sa journée loir-et-chérienne du 8 septembre. « Je
veux dire la vérité aux Français. En 2012, nous avons échoué mais je n’ai pas
menti. Je veux vous livrer mon expérience. J’aime les gens courageux, j’aime mon
pays, j’aime les usines et l’industrie française (pointant le problème Alstom à
cette occasion), j’aime le travail. » J’aime, j’aime. Okay. Une trop
grande habitude du bouton « like » des réseaux sociaux peut-être
? Il a conclu. « Je suis un sentimental, vous savez. » Outre ces
considérations affectives, Nicolas Sarkozy, qui s’est montré moins pugnace qu’à
l’accoutumée (« c’est à cause de la chaleur étouffante dans la
salle », ont prétexté certains élus croisés ; l’image sur scène nous
a en tout cas rappelé cette tension nerveuse perçue en mars 2012 à la centrale
nucléaire de Saint-Laurent-Nouan), a évidemment exposé ses projets en
citant deux fois l’action du Général de Gaulle, taclant de temps en temps
l’homme en marche Macron (et faisant tomber d’autres têtes au passage bien sûr),
prévoyant l’alternance Républicains-UDI. Au menu : l’ancien Président veut
protéger les Français face à la menace sécuritaire et prendre les mesures qui
s’imposent, faire du travail « un contrat de la société » («celui qui
est au chômage ne le fait pas exprès», at-il jugé bon de souligner) et donner
de la souplesse à l’embauche en France, permettre aux retraités d’occuper un
emploi (« pour leur donner une liberté complète et apporter de la croissance et
du pouvoir d’achat» selon lui), établir un plan Marshall pour sauver
l’agriculture et la ruralité, ou encore créer un nouveau traité pour l’Europe
et par conséquent un nouveau Schengen. « J’ai toujours été
européen, » a-t-il même tenu à préciser. Il en a profité d’ailleurs pour
dévoiler son agenda 2017 en annonçant qu’il serait à Berlin le 7 mai puis à
Londres le 8 mai. Quant au plan Marshall précité, il sera «engagé dès juillet
2017. » Tout était déjà planifié. Bah oui quoi, c’est qui le patron ?
Demeure une inconnue dans l’équation tout de même, à savoir le résultat aux
élections présidentielles de l’année prochaine. Mais il paraît que prévoir,
c’est régner…
Toujours populaire malgré tout © Émilie RENCIEN |
Une fascination qui s’essouffle ?
Quoiqu’il advienne, la popularité
de l’ancien chef de l’État est indéniable. Dans les murs de l’entreprise Écofit,
spécialisée en solutions de ventilation à Vendôme, qui fête cette année ses
quarante ans d’existence et que Nicolas Sarkozy a visité avant son meeting au
Minotaure, les salariés n’ont pas hésité à poser avec l’intéressé tout sourire,
au milieu de ces hommes et de (toutes) ces femmes (nombreuses parmi les rangs)
qui se lèvent tous les matins pour gagner dignement leur croûte à la sueur de
leur front. Même les médias nationaux présents sur place (en nombre également)
semblaient comme hypnotisés par la star politique, se battant presque pour
saisir la moindre image du candidat à la (en) campagne, pourtant toujours aussi
peu chaleureux avec la presse. Le personnage fascine donc toujours les foules et
possède toujours une cour autour de lui. À Vendôme, du côté du cru, le
président du Conseil Départemental et ancien ministre de la ville Maurice Leroy
(dont l’allocution a été précédée de la fameuse chanson de Michel Delpech sur
le Loir-et-Cher), le maire de Neung-sur-Beuvron et conseiller
politique de Nicolas Sarkozy Guillaume Peltier, les vice-présidents
départementaux Nicolas Perruchot et Christina Brown, des chefs d’entreprise de
la Vallée du Cher (pas la peine d’en dire plus), sans oublier, côté national, l’ancien
préfet du Loir-et-Cher Gilles Lagarde, l’ex judoka David Douillet, le président
de la région PACA Christian Estrosi, les anciens ministres Éric Woerth et Brice
Hortefeux… Une popularité sans failles. Mais sinon, qu’en est-il de l’adhésion
aux idées ? Là, le soufflé retombe
légèrement et le « boss » commence à perdre de sa superbe. Par
exemple, la ferveur, quelque peu effrayante, ressentie lors des Fêtes de la
violette organisées en juillet en Sologne à la Ferté-Imbault depuis 2013 (qui
n’a pas eu lieu cette année, ndrl) était moins palpable lors du meeting au
Minotaure à Vendôme ce jeudi 8 septembre. Pas ou peu de
« Nicolas ! » scandés avec passion à tout va. «Je suis Sarkozy depuis
dix ans. Il a été Président dans une mauvaise période. Il reste dans les
sondages mais il nous a un peu déçus. C’est toutefois l’homme de la situation.
Mais bon, je vous l’avoue, j’aime bien Marine (le Pen) aussi, » confie
sans détour Alain, un retraité blésois. « Et ce qui est dommage
aujourd’hui, c’est qu’il y a peu de jeunes dans la salle à Vendôme… ». « Sarkozy,
oui, il est bien mais pour moi, Juppé est celui qui affiche et rassemble le
plus les valeurs du gaullisme, » raconte le vendômois Jean-Paul. «Il est
de janvier, C’est un Verseau je crois, et ce signe astrologique répète
toujours les mêmes erreurs, » remarque franchement Jacqueline, une
loir-et-chérienne de 71 ans, tenant le bouquin « Tout pour la
France » dans ses mains. « Il devrait arrêter de critiquer
Hollande par contre. Oui, sinon, je reste agréablement surprise par le volontarisme,
même fatigué, de Monsieur Nicolas Sarkozy. Il a bien martelé les thèmes de sa
campagne qui peuvent nous donner de l'espoir et nous permettre de rester
positifs dans cette France qui se pose beaucoup de questions… Je suis très
heureuse de l'union centriste et républicaine.» D’autres spectateurs du meeting
vendômois ont paru presque gênés, évitant nos questions « Le
discours de Nicolas ? Oui… Bien… À voir. NKM ? Elle a bonnes idées. Et
Bruno le Maire, vous vous en pensez quoi ? Vous êtes de droite ? » À
l’extérieur, une poignée de représentants de la CGT a aussi partagé son opinion.
«Sarkozy ! Ça ne nous rassure pas de le voir ici. Nous aurons la
retraite à 65 ans avec lui. Travailler plus pour gagner plus. Juste la promesse
pour nous de travailler et de gagner le SMIC, oui !» François Hollande,
c’est mieux alors, si nous comprenons bien ? « Ah non, non
plus ! Ils sont tous pareils, ce sont tous et toutes les mêmes, on les a
tous essayés !» Avec un petit air de déjà-vu, Nicolas Sarkozy a pourtant
martelé avant de rallier la capitale. « Je ne serai jamais le président de
l’impuissance. Je serai le président de l’action. » L’ouvrage est sur le
métier et ça tombe bien car l’ancien chef de l’État a reconnu à Vendôme que « dans
la vie, on a besoin de deux choses, aimer (encore une fois, décidément) et
travailler. J’aime le mot travailler, j’aime le travail.» Après un premier
mandat de Président de la République, il n’est jamais trop tard pour se
retrousser les manches. Pour le reste, ce sont les urnes qui parleront tôt ou
tard. Et tout peut devenir possible…
Émilie RENCIEN
http://www.le-petit-blaisois.fr/
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