Un tournage avait eu
lieu dans la région Centre l’an passé. Il est possible de voir le résultat dans les salles
obscures depuis le 14 octobre.
Guillaume de Tonquédec, avec Mathieu Amalric à ses côtés, qui
tousse bruyamment sur la place Saint-Louis à Blois, dans le Loir-et-Cher (*) et Jean-Paul Rappeneau
qui lui demande plusieurs fois de suite de recommencer à s’étouffer devant la
caméra après le départ de Nicole Garcia et d’André Dussolier, ou encore Gilles
Lellouche au volant d’un Range Rover de couleur noire lancée à vive allure dans
les rues blésoises tout près de l’hôtel de ville… La journaliste qui écrit ces lignes
s’en souvient, c’était en 2014, la semaine du 16 juin exactement. Il aura fallu
attendre le mois d’octobre 2015 pour voir le film terminé. Jean-Paul Rappeneau
a dévoilé « Belles Familles »
à Blois bien sûr, le 7 octobre précisément, une semaine avant sa sortie au
cinéma. Il a travaillé sur ce long-métrage en famille justement, avec ses deux
fils, Martin à la musique et Julien au scénario. «Pourquoi Blois ? Je suis
un enfant de province comme la plupart des Français le sont, et parce que le
film parle de la province française, ancienne et ce qu’elle est devenue à
l’époque de la mondialisation et du monde autour, » a expliqué le
réalisateur qui a reçu la médaille de la ville de Blois des mains du maire,
Marc Gricourt. «Nous avons cherché plusieurs fois plusieurs villes et quand je
suis arrivé ici, j’ai vu sur le haut de la ville rassemblé à la fois la mairie,
la cathédrale, l’évêché avec la vue sur la Loire… Tout était rassemblé sur un
petit périmètre, un petit territoire. J’ai eu l’impression que le film était
écrit pour Blois. J’ai été séduit par Blois qui est devenue cette ville
imaginaire qui s’appelle Ambray dans le film, comme je l’ai rêvée. »
Le tournage à Blois en juin 2014, dans la bonne humeur. ©Émilie RENCIEN |
Une comédie
divertissante, drôle et bien pensée
Un peu plus d’un an après le tournage, la même
journaliste a pu découvrir sur grand écran le rendu final. À l’écran, la toux
de Guillaume de Tonquédec, alias Jean-Michel Varenne, est bien là. Près de lui,
on découvre que Mathieu Amalric est à l’écran son frère prénommé Jérôme. Gilles
Lellouche, toujours au volant de son luxueux 4x4 dans les rues de Blois, joue
le rôle d’un homme d’affaires, Grégoire Piaggi. Marine Vacth (Louise, la fille
de la deuxième femme du père Varenne) est une bonne surprise en tant que
comédienne ; il faut dire que ses yeux clairs, ses airs d’ingénue et sa
plastique parfaite ne peuvent laisser indifférent. Au casting aussi : Gemma
Chan (la fiancée asiatique de Jérôme), Karin Viard (la deuxième femme Varenne), André Dussolier (le
maire) et Nicole Garcia (la première épouse Varenne). Dès le début du film, on
s’attache vite à tous ces personnages qui s’entre-déchirent, qui ont parfois du
mal à communiquer mais s’aiment au fond. On ne s’ennuie pas surtout : un
problème chasse l’autre, les vrais visages de ces familles se révèlent peu à
peu et le personnage de Mathieu Amalric qui doit partir mais ne le fait jamais
rythme le scénario. En outre, on retrouve l’esprit ancien-nouveau évoqué plus
haut par Jean-Paul Rappeneau. Dans le film, les appartements colorés et
cubiques par exemple, rappelant à la fois la villa des Arpel dans « Mon
oncle » de Jacques Tati (1958) et le style moderne de l’urbaniste Le Corbusier,
tranchent avec l’architecture plus traditionnelle de la cossue maison
familiale. De plus, impossible de ne pas remarquer les smartphones et
ordinateurs présents dans le film. « Le téléphone portable est un
personnage à part entière ! » a réagi Jean-Paul Rappeneau. «Oui, l’arrivée du
portable a changé l’écriture des scénarios. »Et puis, dans « Belles
Familles », il y a des moments drôles (telle l’employée du notaire, toujours
amoureuse depuis le lycée…). On n’en dira pas plus…
Jean-Rappeneau content d'être de retour à Blois en octobre 2015. ©Émilie RENCIEN |
Un film à ne pas
manquer
En fait, s’il fallait résumer, « Belles Familles »
narre une histoire de famille comme il en arrive tous les jours (une femme et
ses enfants face à un mari défunt qui avait une autre vie avec une autre femme,
avec un souci de vente de maison entre les deux), mêlée à une belle histoire
d’amour (qui, diront les plus pessimistes, ne se passe que dans les
films !). Pendant 1h53, Jean-Paul Rappeneau réussit à divertir d’une façon
bien ficelée, permet au spectateur enfermé dans une salle sombre de s’évader de
son quotidien en observant celui de personnages qui vivent à l’écran des
situations finalement ordinaires qui parlent à tout le monde.
(*) Jean-Paul Rappeneau a en outre tourné des scènes de son film
à Tours (37), Londres, Shanghaï. Le film a été présenté en août 2015 en ouverture du
Festival du Film d’Angoulême. Le réalisateur a avoué qu’il parlait un peu de
lui avec ce long-métrage….
ÉR
ÉR
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